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Equipe de France féminine

Changer pour gagner

(Crédit : FFBB)
Julien Guérineau (FFBB) - 06/11/2021
Les Bleues sont réunies à partir de ce dimanche à Paris pour débuter les qualifications à l'Euro 2023, avec à sa tête un nouvel entraîneur : Jean-Aimé Toupane. Avec une feuille de route assez claire : faire gagner une équipe qui flirte avec les sommets depuis plusieurs années, sans parvenir à conclure

Jean-Aimé Toupane est devenu, le 7 octobre dernier, le 13e entraîneur de l’histoire de l’Équipe de France féminine. Certains ont connu des règnes éphémères (3 matches pour Paul Geist) voire carrément éclairs (1 rencontre pour Michael Ruzgis). Pierre Vincent et Valérie Garnier ont en revanche passé de longues années sur le banc des Bleues et installé les Tricolores au sommet du basket mondial. Entre-eux ils ont offert neuf médailles internationales à la France depuis 2009. "Le challenge est relevé, il le sait", a rapidement avancé Jean-Pierre Siutat. "C’est la première étape d’un long process pour préparer 2024. Et à Paris, on a envie de faire mieux que ce qu’on a fait."

L’été 2021 s’est conclu sur deux médailles mais également le sentiment que l’équipe nationale aurait pu espérer mieux, notamment à l’EuroBasket, conclu sur la deuxième marche du podium pour la cinquième fois de suite. La rentrée a donc donné lieu à un debriefing autour du Président Siutat, du DTN, Alain Contensoux, du directeur de l’Équipe de France et de la performance, Jacky Commères, et de la General Manager, Céline Dumerc. Décision a été prise d’offrir une nouvelle direction aux Bleues et les candidatures n’ont pas manqué d’affluer. "Notre souhait était de trouver un profil différent et celui de Jean-Aimé Toupane nous a semblé correspondre à cette attente pour atteindre nos objectifs de performance et franchir un cap au plus haut-niveau international", a remarqué Alain Contensoux. "Avec Cathy Melain comme première assistante, nous validons un binôme qui devrait fonctionner et une expertise dans les multiples champs de performance présents à ce niveau", a ajouté Jacky Commères.

À 63 ans, le natif de Kaolak, ancien international sénégalais, a connu une riche carrière de joueur et d’entraîneur. À son arrivée en France en 1980, en provenance de la Jeanne d’Arc de Dakar, il évolue au BAC Mirande (Excellence Région, 1980-82) puis à Villeneuve-sur-Lot (NM2, 1982-84) avant de découvrir l’élite à Monaco (1984-88). Sa carrière se poursuit, après une parenthèse d’un an sans jouer, à Mulhouse (1989- 91), Gravelines (1991-93), Mulhouse à nouveau (Pro B, 1993- 94), Lyon (1994-95) et Toulouse (Pro B, Pro A, 1995-98). JeanAimé Toupane devient directeur sportif du club de Toulouse à la fin de sa carrière de joueur puis entraîne l’équipe en N3 et N2 entre 1999 et 2001. Débute ensuite une aventure de sept ans avec Clermont-Ferrand qu’il mène de la Nationale 1 (2001-02) à la Pro A (2004-08), remportant au passage le titre de champion de France Pro B en 2004. En 2008-09 il débute la saison sur le banc de Pau-Orthez pendant 7 journées. En 2012-13 il dirige Hyères-Toulon (Pro B) puis Antibes l’espace de 9 rencontres en début de saison 2013-14.

À la rentrée 2014, après avoir effectué plusieurs missions pour la FFBB, Jean-Aimé Toupane prend en charge l’équipe masculine juniors du Pôle France qui évolue en Nationale 1. En 2017 il a remporté le tournoi de l’Euroleague juniors. Il est l’entraîneur le plus titré de l’histoire en Équipe de France de jeunes avec cinq médailles, toutes remportées dans la catégorie U20, devançant un autre ancien entraîneur du Pôle France, Richard Billant (quatre médailles).

En 2021, Toupane va donc découvrir un nouvel univers. Celui du basket féminin. Un monde qu’il fréquente malgré tout au quotidien au Pôle France depuis sept ans. "J’ai toujours observé le basket féminin. Et en matière de haute performance je pense que les leviers sont les mêmes", a-t-il commenté lors de sa prise de fonction. "Il faudra forcément une adaptation. Le basket féminin veut s’inspirer du basket masculin. Les Américaines qui sont la première nation au Monde ont cette tendance et ce sera notre volonté de se rapprocher de ce basket. Nous avons des joueuses avec un profil athlétique et physique et j’ai l’intention de m’appuyer sur ces points forts."

La révolution n’attend cependant pas le groupe France. Le noyau de l’équipe est parfaitement en place et devrait poursuivre l’aventure plusieurs années encore. "Je ne pars pas d’une feuille blanche. Valérie Garnier a fait un excellent travail depuis huit ans. Elle a placé la barre très haut et je suis presque obligé de poursuivre sur cette route", a d’ailleurs précisé le nouvel entraîneur. "J’aurai simplement ma touche personnelle. Les résultats ces dernières années ont montré que les filles avaient un certain niveau. Mais il faudra apporter quelque chose qui pourra nous amener sur la première marche du podium."

Avec cinq finales perdues consécutivement à l’EuroBasket, l’objectif est en effet limpide pour Jean-Aimé Toupane : l’or européen. "La pression ? Non. On fait ce travail pour ces sensations. Je suis surtout très honoré. Dire oui a été une évidence. Je suis un entraîneur fédéral à qui on a souvent confié des missions. Il m’a semblé important de relever ce défi. Ce n’est pas un défi individuel mais un défi collectif autour d’un projet commun de très grande envergure."

Un projet qui se nomme bien évidemment Paris 2024. Les Jeux Olympiques semblent déjà très proches mais Toupane, pragmatique, sait bien que les étapes intermédiaires revêtent une importance capitale compte tenu du standing de l’équipe nationale : "Paris 2024 est l’objectif ultime. Mais mes objectifs sont dans un premier temps tout ce qui arrive avant : une qualification pour l’Euro, une qualification pour la Coupe du Monde. Toutes ces étapes intermédiaires vont nous permettre de nous projeter vers Paris. La France est un acteur majeur de son sport et se doit de répondre présente sur toutes les compétitions." En février prochain, l’Équipe de France devra assurer sa place à la Coupe du Monde en Australie lors de tournois de qualification. Une compétition intercontinentale qui n’a jamais souri aux Bleues, médaillées à une seule reprise, en 1953, lors de la toute première édition. En 2002, 2006, 2010, 2014 et 2018 elles n’avaient pu franchir l’écueil du quart de finale.