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Que sont-ils devenus ?

« Mes moments de paradis »

07/03/2022
Même s’il garde un œil sur les performances de l’Equipe de France et de son club de cœur, le SLUC Nancy, Cyril Julian vit désormais bien loin du basket. Son métier et sa passion pour le triathlon occupent désormais tout son temps.

Avez-vous gardé des liens avec le monde du basket ?
J’ai gardé beaucoup de contacts grâce notamment aux réseaux sociaux avec d’anciens coéquipiers de Nancy comme Ross Land ou Derrick Lewis, mais sinon avec le milieu du basket à proprement parler je dirais aucun car mon activité professionnelle me prend beaucoup de temps et mon activité sportive aussi. Donc trouver du temps pour le basket s'avère compliqué.

Quelle est cette activité professionnelle si prenante ?
Mon activité professionnelle est dure à résumer, mais je suis directeur France de l’activité physique adaptée pour les réseaux hospitaliers. Des personnes sont atteintes de maladies chroniques comme l’obésité, des gens en hémodialyse ou ayant un cancer, des polytraumatisés de la route… et avec ces gens-là, mon travail est de mettre en place des structures adaptées pour que des coaches sportifs puissent les faire bosser afin de leur apporter du bien-être et surtout les remuscler. Je travaille pour le groupe SOS Santé pour développer au sein du grand-Est, et de la France à moyen et court terme, l’activité physique adaptée pour toutes les personnes dans les hôpitaux.

Comment vous êtes-vous orienté vers ce domaine ?
J’ai toujours été mal à l’aise avec les injustices, avec les gens qui sont raillés, mis à l’écart, mis au banc. Les personnes obèses. J’en avais beaucoup dans mon entourage qui étaient souvent montré du doigt. J’ai essayé de trouver, avec un ami, un concept sportif qui pourrait les aider à récupérer de la motricité, de la mobilité dans leur quotidien en perdant du poids et en se faisant plaisir. Je suis donc retourné à la fac, j’ai passé un Master en Sport Adapté à l'université de Nancy. Maintenant, j’essaye de faire en sorte que ces personnes ne soient plus discriminées. Qu’elles puissent montrer, au travers de leur activité, qu’elles sont comme les autres. Elles ont juste besoin d’un peu plus de carburant mais avec un suivi diététique et sportif adapté, elles arrivent à perdre du poids et à se sentir bien dans leurs baskets.

Qu’est-ce que cette expérience vous apporte ?
C’est valorisant, c’est gratifiant. Au lieu de mettre un ballon dans un panier et d’avoir des applaudissements, là on a les sourires en face de nous, de personnes qui se sentent mieux dans leurs baskets. Ils appellent ça souvent une renaissance. Ils sont issus d’un parcours bariatrique, ce sont des gens qui se font souvent opérer de l’estomac. Ils ont une perte de poids qui est relativement conséquente, moi j’essaie de les remettre sur les rails, sportivement parlant et de rééquilibrer ce qu’on appelle le curseur image et poids. Souvent on perd du poids mais on ne s’en rend pas compte, on a l’impression que l’on est toujours très costaud. Je suis là pour faire en sorte que tout se passe bien. On se rend compte que l’on a de très très bons résultats.

Si vous avez complètement arrêté le basket, aujourd’hui vous avez une autre passion ?
Depuis 5 ans maintenant, j’ai une passion pour le triathlon. J’ai commencé par un tout petit, qu’ils appellent un Triathlon S, S pour Sprint par pour Small, pour les novices. 800 mètres à la nage, 20 km en vélo et 5 km de course. Quand j’ai passé la ligne j’ai dit c’est bien, mais c’est trop court. Donc j’ai nagé 1,5 km, 40 km en vélo et j’ai couru 10 km. Ce n’était pas encore assez long, donc aujourd’hui je suis sur du 3,8 km à la nage, 180 km en vélo et 42,2 km de course, c’est ce qu’ils appellent un Ironman. J’en ai fini un à Copenhague cet été. Avec mon fils, on s’amuse à courir des demi-ironman. On nage 2 bornes, on fait 90 km en vélo et on court un semi-marathon (21,1 km) à la fin. Je m’amuse bien là-dedans.

Qu’avez-vous trouvé dans ce sport que vous n’avez pas trouvé ailleurs ?
J’appelle ça mes moments de paradis. Guy Drut m’a dit un jour : « Tu sais une fois que l’on a eu une première médaille olympique, on a une forme d’adrénaline, d’excitation qui est tellement élevée que tu vas passer ta vie à rechercher un tout petit fragment de ça ». En passant ces lignes d’arrivée de triathlon, j’ai l’impression de ressentir pendant quelques secondes ce que j’ai pu avoir à Sydney. A chaque fois c’est éphémère, mais je me dis : le prochain coup j’essaierai de l’avoir un peu plus longtemps. Voilà c’est addictif, je suis lancé là-dedans et je ne suis pas prêt de m’arrêter.

Cyril Julian en bref
Né le 29 mars 1974 à Lacrouzette
Intérieur
135 sélections et 841 points en Équipe de France entre 1996 et 2006
1 JO
5 Championnats d’Europe

Carrière joueur
1993-1994 : Tarbes
1994-1998 : Nancy
1998-2000 : Paris
2000-2002 : Nancy
2002-2004 : Pau
2004-2005 : Valence puis Gérone (Espagne)
2005-2009 : Nancy

Palmarès joueur
Médaille d’Argent aux Jeux Olympiques : 2000
Médaille de Bronze au Championnat d’Europe : 2005
Champion d’Europe Juniors : 1992

Vainqueur Coupe Korac : 2002

Champion de France : 2003, 2004, 2008
Vainqueur de la Coupe de France : 2003
Vainqueur de la Semaine des As : 2003

Distinctions individuelles
MVP du championnat de France : 2002, 2006, 2007
MVP All Star LNB : 2003
Académie du Basket 2021