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Equipe de France masculine

"Je me sens très reconnaissant"

Julien Guérineau (service de presse FFBB) - 14/09/2013
A 21 ans, Joffrey Lauvergne (2,09 m) dispute sa première campagne avec l’Equipe de France. Avec les Bleus il s’apprête à affronter la Serbie, dimanche à 21h00, le pays qui lui a permis de faire décoller sa carrière.
Depuis 36 heures vous êtes devenu le référent absolu pour toutes les questions sur le match France-Serbie, pour les médias français comme serbes…
(il sourit) La Serbie c’est un petit pays où la plupart des joueurs viennent de deux clubs majeurs ou ils y ont joué. Même ceux qui sont à l’étranger, tu les croises quand la saison est finie. Donc forcément tu connais vite tout le monde. J’ai discuté un peu avec mes coéquipiers. Mais je fais attention avec Ivkovic. On essaye de se voir discrètement. Je ne voudrais pas qu’ils aient des problèmes. En plus je vais les voir toute la saison donc ça peut attendre.
Est-il possible de tomber amoureux d’un pays en quelques mois ?
En six mois les choses sont allées très vite et je me sens très reconnaissant vis-à-vis de la Serbie. Je suis fan de leur rigueur dans le travail. Lors du match contre la Belgique, un des assistants de la Serbie, qui travaille pour le Partizan, était assis derrière le panier. Quand j’ai marqué il a fait un bond. Ça me touche parce que j’ai travaillé sept mois avec lui, je le recroise dans une compétition où nous sommes adversaires et il est content pour moi. Ça fait chaud au cœur. Et ils sont tous comme ça.
A quel point votre passage par le Partizan Belgrade vous a-t-il changé ?
Le Partizan m’a apporté beaucoup de confiance. Je suis arrivé en me disant que j’allais préparer la saison prochaine, que je ne jouerais pas le championnat serbe parce que quatre étrangers sont autorisés et j’étais le cinquième. Finalement le coach me fait jouer de suite et a coupé un Américain pour me faire de la place. Au bout de trois mois je me retrouve à jouer 35 minutes. Ils me traitent comme un Serbe. Le système Partizan c’est si tu te bats et que tu défends comme un chien, tu vas jouer.
Après Leo Westermann et vous, Boris Dallo a rejoint Belgrade cet été. La filière française s’explique-t-elle par le fait que vous partagez le même agent ?
Ce n’est pas vrai du tout. Au Partizan beaucoup de joueurs sont avec d’autres agents. J’arrivais de nulle part. Je me mets à leur place. Un joueur de 21 ans qui n’a plus de contrat : il est mauvais ? il se comporte mal ? Les clubs ont besoin de pouvoir faire confiance. Quand Pedja Materic (ndlr : son agent, ancien joueur du Partizan lui-même) leur dit désormais qu’il faut suivre un jeune français qui a du potentiel, cela a plus de poids. C’est aussi simple que ça. Aujourd’hui le Partizan trouve que des joueurs ont du talent et qu’il est inexploité.
Vous aviez la réputation d’un joueur au caractère volcanique. Pourtant il semble que la rigueur et la dureté soient les éléments qui vous ont le plus séduit au Partizan. Comment l’expliquez-vous ?
Ça me fait sourire. Je suis soit disant caractériel. Je quitte Chalon, je signe à Valence avec un coach yougo réputé difficile, il tombe amoureux de moi. Je pars au Partizan et ça se passe très bien. A partir du moment où tu me considères, que tu me respectes, que tu es professionnel et que je sens que tu traites tout le monde de manière juste, je peux faire n’importe quoi. C’est la preuve que l’image qu’on avait de moi était mauvaise.
Pensez-vous que les joueurs en France seraient prêts à accepter d’un entraîneur français les mêmes méthodes et les mêmes exigences que celles qu’ils acceptent d’un coach yougoslave ?
Au Partizan il n’y a qu’un seul Américain. Les autres sont de jeunes joueurs talentueux qui sont là pour travailler. Je pars du principe qu’un joueur motivé ne peut qu’accepter ça. Notre coach ne va pas nous insulter. Il te montre tous les jours qu’il t’aime plus que tout. Il peut me demander n’importe quoi, je le ferai. Le coach te fait peur parce que tu as intérêt à faire ce qu’il te dit mais d’un autre côté il t’emmène au théâtre, tu peux plaisanter avec lui. Donc pour répondre à la question, oui, mais il faut savoir recruter les joueurs pour.