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EQUIPE DE FRANCE A MASCULINE

"Je ne vais pas faire un air-ball exprès"

Bellenger/IS/FFBB
par Julien Guérineau, à Rio - 10/08/2016
Consciente des conséquences mathématiques de son succès, l'Equipe de France a pleinement assumé le choix de se concentrer avant tout sur elle-même, sa qualification et ses progrès avant les quarts de finale.

Il sera impossible de convaincre les sceptiques. Ils auront toujours le dernier mot. Victorieuse contre la Serbie, l’Equipe de France manque de vice et d’ambition, renonçant à une finale potentielle contre les Etats-Unis. Défaite, elle aurait été la honte du sport tricolore, sacrifiant l’éthique du jeu à de tristes calculs.

De calculs il n’y en a pas eu mercredi soir. Tout juste peut-on reconnaître que la situation a sans doute pesé dans une première mi-temps où l’intensité défensive n’était pas au niveau des habituels face à face entre serbes et français. Mais Tony Parker n’a, lui, pas réfléchi au moment de décocher son tir victorieux, pas plus que Bogdan Bogdanovic qui fit gamelle à près de dix mètres sur un shoot pouvant renverser la vapeur. "Raduljica a failli me ruiner le genou. Il a plongé pour sauver un ballon et si je ne l’esquive pas je finis les Jeux en chaise roulante", souriait Vincent Collet. "Il aurait pu se blesser pour la fin du tournoi. Tu ne fais pas ça si tu veux perdre."

Comme Sasha Djordjevic l’avait fait quelques instants plus tôt, Vincent Collet a balayé les doutes entourant d’éventuels calculs effectués lors de la rencontre face à la Serbie. "Les gens se projettent toujours très loin", estime l’entraîneur à propos de la perspective d’évoluer dans la même partie de tableau que les Etats-Unis lors de la phase finale. "Ce qu’on savait c’est que le niveau affiché précédemment ne nous permettait pas d’aller loin dans le tournoi. De l’autre côté c’est tellement la bouteille à l’encre qu’il est impossible de dire qui sera premier, deuxième. Mais il faudra battre un adversaire fort et samedi on ne pouvait pas y penser. Après ce soir on peut dire qu’on a retrouvé des valeurs qui nous le permettent."

Un Batum adroit, un Diaw renversant, flirtant avec le triple-double (11 pts, 9 rbds, 9 pds), un Gobert qui change la donne défensivement, les motifs de satisfaction étaient nombreux. Avec en bonus un Tony Parker décisif. Le meneur des Spurs aurait d’ailleurs pu ne pas se retrouver dans la situation du sauveur, Vincent Collet ayant hésité avant de le relancer à 3’25 de la fin. "Thomas Heurtel a eu un passage remarquable", estime-t-il. "Ils sont difficiles à associer, défensivement notamment. Il est important de jouer sur les rotations. J’ai remis Tony à la fin et il a montré qu’il avait encore la capacité à changer le cours d’un match. Quelque part j’ai fait respecter la hiérarchie de l’équipe mais il y avait matière à réfléchir."

Plus discret mercredi que lors de ses deux premières sorties, Parker n’a pas tremblé au moment de réussir un tir difficile à plus de six mètres. Pas plus qu’il n’a esquivé les questions concernant les interrogations quant à l’attitude à adopter sur cette rencontre. "Pour l’instant l’objectif numéro un c’est de se qualifier et avoir le contrôle de notre avenir. La Serbie a joué le quatrième quart-temps avec son cinq majeur. Je pense qu’ils voulaient gagner le match tout comme nous. Bien sûr que nous en avons discuté. Mais après on s’est dit : on joue. Tu ne sais jamais ce qui peut arriver au basket. Tu fais un match contre le Venezuela, tes shoots ne rentrent pas et il nous font zone pendant 40 minutes… alors que nous ne sommes pas qualifiés. Tout le monde a des avis différents mais l’équipe a pris sa décision." Lui le premier. "Je suis compétiteur. J’ai la balle de match en main, je ne vais pas faire un air-ball exprès."

Son exploit ne donnera pas lieu à une immense célébration et Parker admettra dans un sourire qu’il met du plomb dans l’aile à son rêve de terminer sa carrière sur un France-Etats Unis en finale olympique. Mais cette joie toute contenue n’est que l’illustration de l'ambition des Bleus : "Nous n’en sommes qu’au troisième match du tournoi. En plus la Serbie on les joue toutes les semaines !", conclut Vincent Collet avec humour.