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Ligue Féminine 2 - Interview

"Il faudra être au rendez-vous"

Marc Franz - C'Chartres Basket Féminin
Thomas Puentes - 12/05/2023
Six ans après sa dernière apparition à ce stade du championnat, Chartres retrouve les finales de la division avec la ferme intention de transformer l'essai et d'accéder pour la première fois de son histoire à l'élite. Entretien avec Benoît Marty, l'entraîneur de la formation d'Eure-et-Loire avant cette échéance détérminante.

Quand on regarde uniquement la saison sur plan statistiques, on comprend pourquoi vous êtes arrivés là. Quel bilan tirez-vous à l'instant T de cette saison 2022-2023 ?

Le bilan, on le fera quand elle sera totalement terminée mais pour le moment, elle est très positive. Nous, on a eu un peu de retard à l'allumage. C'est-à-dire qu'on a été surpris sur les deux premiers matchs par une très bonne équipe de Feytiat puis par Montbrison. On avait gardé une ossature solide avec 6 joueuses de la saison dernière avec une base arrière et extérieure. On a beaucoup renouvelé à l'intérieur. A partir du troisième match, donc contre Charnay, on a lancé notre saison. On a vraiment été capable de faire de belles performances. On a eu un petit coup d'arrêt avant Noël car on avait du mal à enchaîner à l'extérieur. En janvier, on a eu la série de 8 victoires consécutives qui nous a permis de remonter les échelons dans le classement jusqu'à la deuxième place sans être très loin de la première. On l'a repris à Charnay furtivement pendant une semaine suite à notre victoire dans leur salle. On est vraiment monté en régime, on s'est d'abord appuyer sur notre défense.

Notre objectif s'était d'arriver en forme aux playoffs donc on a planifié pas mal de choses pour arriver sur un pic de forme à ce moment-là. Pour l'instant, on est invaincu donc le travail a porté ses fruits. On aborde cette finale avec une énorme détermination. On sait que Charnay a le statut de favori car elles ont été premières, elles descendent de Ligue Féminine et veulent y remonter, cela a été annoncé assez tôt dans leur saison. Mais nous, je pense qu'on a une carte à jouer. On a été capables de les battre deux fois de peu, mais quand même. On est prêts pour cette finale toutefois logique par rapport à la saison. Celle-ci était très ouverte, très dense cette année mais avec Charnay, c'est nous qui nous en sortons le mieux selon moi avec le plus de régularité.

Dans une division très homogène en termes de niveau comme vous l'évoquiez, comme en témoigne la folle lutte sur les dernières journées au classement, malgré un petit temps d'adaptation au démarrage, vous avez démontré une réelle stabilité dans les résultats et une montée en régime à chaque match. Comme expliquez-vous cela ?

La première explication, c'est qu’on n’a pas eu de modifications dans notre effectif. Il y a eu quand même pas mal de mouvements dans la division, comme Charnay, qui a dû remplacer Melgoza. Nous, on a changé personne. On a eu la chance de ne pas avoir de gros problèmes de blessures. On a eu des petits bobos, bien sûr, mais on a bien géré ça. C'est pour moi le premier facteur de notre régularité. Ensuite, on est monté en régime progressivement. L'équipe a eu un petit creux au début du mois de mars parce qu'on avait des choix pour que les filles puissent souffler un peu plus, leur donner plus de jours de repos à une période, quitte à ce que nos performances s'en ressentent un peu. On a laissé comme ça deux matchs à domicile contre la Tronche-Meylan et Aulnoye mais avec toujours en tête de pouvoir avoir ce regain d'énergie à l'approche des playoffs. C'était très important et cela s'est senti sur le premier tour. On a passé chaque tour en deux matchs, c'est aussi un avantage en soi parce qu'on a pu récupérer. Après, c'est à double-tranchant. On a réussi gérer l'entre-deux tours avec les quarts et la demi-finale, on a fait la même chose là. Il faut arriver à récupérer et remettre de l'intensité. Charnay a joué une belle, donc forcément pour la garder c'est plus simple. Là, comme on avait dix jours avant le premier match, il fallait remettre du jus, de l'intensité, se réentraîner. Tous ces facteurs, plus la progression du groupe, ont fait qu'on arrive pas à pas sur la prestation qu'on a fourni depuis le début de saison.

Après 9 saisons dans la division, vous allez vivre votre deuxième finale après le rendez-vous manqué face à la Roche Vendée. Quel regard avez-vous sur la trajectoire du club et surtout de votre groupe ?

Déjà, ce n'était pas un rendez-vous manqué en 2017, car on n'était vraiment pas attendu à ce niveau-là. On avait fait une saison exceptionnelle, on avait vraiment une équipe de qualité. Il y a pas mal de joueuses qui ont et continuent de faire les beaux jours des équipes de LFB et aussi en Coupe d'Europe (Tiffany Clarke, Magali Mendy ...). Mais c'était inattendu. On s'était retrouvé de fait de notre bonne saison face à une équipe de la Roche Vendée qui était programmée pour monter et sur la finale, on avait perdu le premier match. On a réussi ensuite à aller battre le RVBC chez elles qui étaient invaincues depuis 4 ans à domicile. On n'était pas prêtes à ce moment, la Roche Vendée avait été meilleure sur la série et on voit où le club est présent maintenant : installé dans le haut de tableau de LFB et en faisant la Coupe d'Europe tous les ans. C'est la première chose, après par rapport à l'évolution, effectivement la structure a beaucoup évolué. Il y a six ans, notamment sur la structure de formation, on n'était pas prêt à aller en Ligue Féminine, sur la structure salariale, niveau dirigeants et même bénévoles. Cette saison-là a permis de montrer sportivement qu'on n'était pas si loin, que c'était possible mais qu'on avait du chemin à parcourir. On a fait en sorte que notre centre d'entraînement soit labellisé, ce qui est le cas depuis 2018 et puis, on a aussi structuré en interne. On a augmenté le nombre de salariés, on a professionnalisé le staff sur le LF2. Aujourd'hui, ma collègue Marie-Julie et moi-même sommes salariés à temps plein sur l'équipe professionnelle, on a une préparatrice mentale, un préparateur physique qui interviennent. On essaye de mettre en place des outils et des choses pour tendre vers le plus haut niveau. Voilà, aujourd'hui, on est en finale donc on arrive à lutter contre une équipe qui connaît le niveau du dessus avec des budgets, des finances qui sont bien supérieures aux nôtres. On ne fait pas du tout parti du Top 4 des masses salariales.

Mais on est prêt, on sait que la ville de Chartres et la métropole investissent énormément dans le sport et sont prêtes à nous suivre, quel que soit l'issue de cette finale, pour qu'on arrive à atteindre le plus haut niveau. Le plus rapidement possible, on espère cette année. A Chartres, il y a aussi l'optique de la nouvelle salle qui va ouvrir dans un an, qui va faire 4000 places, et qui va être une très belle enceinte sportive. Si on arrive à monter maintenant, c'est vraiment le bon timing et on a vu avec la Roche Vendée, avec Landerneau, quand il y a des projets de grandes salles qui arrivent, ça permet aussi le développement du club. Donc, on est dans cet axe-là.

Toute la saison, vous avez vécu un bras de fer pour la tête du classement avec votre adversaire des finales : Charnay. Pour le moment, vous êtes seule équipe contre laquelle le CCBS n'a pas gagné une rencontre. Quel regard avez-vous sur votre adversaire pour la montée et le titre de Champion de France ?

Déjà, les deux équipes jouent un titre d'abord. Le titre de cette saison de Ligue Féminine 2 qui était si relevée, si homogène, si difficile. La première, c'est donc le trophée. La montée, c'est l'année prochaine, c'est une accession au plus haut niveau. Dans chaque montée, on sait que ce ne sera pas forcément la même équipe qui sera concernée. Oui, on a été capable de les battre deux fois. Cela veut dire, que cela fait partie des choses qu'on a été capable de faire et donc il va falloir réitérer la performance dans un cadre différent. On connaît les forces en présence de chaque côté. On a deux équipes qui n'ont pas vraiment le même profil. Elles ont un secteur intérieur plus grand, plus lourd. Le nôtre est plus petit mais plus mobile. Le secteur extérieur n'est pas non plus du même profil je dirais. Cela a été une belle bagarre à distance toute la saison, je dirais. Nous, il aura fallu attendre janvier avant de rentrer dans cette lutte mano à mano. Avant, Charnay était en tête mais nous, on est arrivé plus tardivement en raison de notre début de saison. On a dû intégrer le Top 5 puis le Top 3 etc. avant de pouvoir les challenger sur la place de leader. Elles aussi, elles ont réussi à avoir une certaine stabilité sur les résultats parce qu'elles ont conservé leur dynamique et maintenant, elles sont en finale. Aulnoye les a challengés au début des playoffs, Champagne Basket aussi en demi-finales. On voit bien que les playoffs ne sont pas du tout faciles. Si, nous, on a gagné les matchs avec un certain écart, les matchs retours sont toujours très différents. Le contexte est autre, ce qui s'est passé dans le passé, c'est le passé (rires). Ce qui compte, c'est l'instant présent. Déjà, c'est l'équipe qui gagnera samedi qui va prendre une option. Cela étant, on sait de toute manière qu'il y aura un deuxième match. Le fait de l'aborder à l'extérieur, en étant la seule équipe à les avoir battu chez elles, je pense que c'est un avantage et au-delà de la confrontation directe, on a été la meilleure équipe à l'extérieur du championnat. Si on compte les play-offs, on est à 10-3. On est capable d'aller gagner à l'extérieur, on sait que ce sera une salle chaude. Les ambiances de playoffs sont très différentes de celles de championnat mais on est prêtes à ça. On se prépare à un beau combat parce que je pense que les deux équipes ont des qualités ont des aptitudes physiques, athlétiques mais elles savent aussi jouer au basket donc ce sera un beau duel.

Sur quelles armes devraient vous vous reposer pour franchir cette ultime étape ?

La réponse sera assez simple. Nous, on va s'attacher à appuyer sur nos qualités. Voilà, on a des caractéristiques physiques, techniques, mentales aussi qui nous ont permis d'être là aujourd'hui et on va d'autant plus s'appuyer dessus pour ces finales. C'est vraiment l'objectif. On a un secteur intérieur qui est très mobile, on a des joueuses arrières qui sont créatrices, qui peuvent scorer de loin. On a montré sur la saison qu'on pouvait être un danger assez bien réparti, y compris dans l'aile et on va s'appuyer sur ça. C'est la clé. L'équipe qui va réussir à mettre en valeur les qualités de ses joueuses le mieux possible qui l'emportera. On a de chaque côté les meilleures défenses du championnat donc c'est pour ça que je parle de combat. Il y aura des données tactiques mais surtout de l'engagement et de l'intensité qui joueront beaucoup. On se prépare à ça et il faudra être au rendez-vous.