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Un champion WNBA en LF2

Yoann Cabioc'h, en haut à gauche, lors de la remise du trophée
22/10/2021
Coach principal à Cherbourg en LF2, Yoann Cabioc'h est également assistant en charge de la vidéo au Chicago Sky, récemment champion WNBA.

Quel est votre rôle avec les Chicago Sky ?
Je suis coordinateur vidéo. Je fais partie du staff, je suis un des assistants de James Wade. Mon rôle c’est de travailler sur l’analyse de nos matchs et de notre jeu de manière générale en fournissant des données vidéos et statistiques avant, pendant et après les matchs. Une de mes missions principales est de coder la rencontre en live avec le logiciel sportcode. Cela nous permet de montrer des vidéos aux joueuses à la mi-temps en fonction de ce que le coach veut mettre en avant. Après le match, on va créer des rapports statistiques, reliés à la vidéo, qui permettent d’analyser le match aussi bien en attaque que en défense.
Mon autre rôle est d’être sur le terrain pendant les entrainements, je peux être missionner sur le développement personnel d’une joueuse. On est 5 dans le coaching staff donc on échange énormément sur les stratégies, les entrainements proposés, le management. Mon rôle principal reste l’analyse vidéo.

Comment on gère le fait d’avoir 2 casquettes différentes ?
J
’ai toujours abordé ce métier-là sous l’angle du plaisir donc je ne me mets pas une pression inutile ou malsaine, c’est assez clair dans ma tête. Le gros danger serait de comparer les deux mondes. C’est tellement différent. Bien évidemment la WNBA n’est pas la LF2 donc il faut que j’arrive à garder de la bienveillance avec mes joueuses de Ligue 2, elle sont tout autant méritantes ce n’est juste pas le même niveau et il n’y a aucune honte à cela.
Par contre ce qui est sûr c’est que l’un inspire l’autre, c’est-à-dire que le fait que je sois coach depuis 15 ans, me permet de donner mon ressenti à James Wade sur des situations baskets ou humaines que j’ai déjà vécu. L’inverse est vrai aussi, ce que je peux vivre au meilleur niveau mondial, j’arrive à en tirer des choses et à les retranscrire sur mon équipe depuis 3 ans à La Glacerie.

Est-ce qu’il y a des aspects techniques/tactique de WNBA que vous essayez de dupliquer en France ? Et peut-être l’inverse également, ramener une expertise européenne ?
James recherchait quelqu’un qui soit coach pour avoir une analyse basket au-delà du séquençage vidéo. Les éléments que j’ai pu ramener avec moi ce sont surtout quelques situations et comment réagir. La défense sur les pick & roll, la gestion dans les duels un contre un, les possibilité de trap, offensivement les détails des timings, des spacings, comment mettre les joueuses en valeur. Je fais le scouting des « ATO » (After Time Out), donc quels systèmes sont utilisés par les adversaires dans différentes situations, c’est quelque chose qui m’aide beaucoup.

Comment avez-vous vécu le match décisif ?
C’était surréaliste. J’ai coaché contre la SIG samedi soir à Cherbourg, je suis parti à 2h du matin à Paris pour prendre l’avion à 10h. Je suis arrivé à Chicago à 12h30 heure locale, le temps d’aller de l’aéroport à la salle il était 13h50 et le match était à 14h. Donc je suis arrivé juste avant l’entre deux, juste le temps d’installer les ordinateurs et se préparer pour coder le match. Je n’ai même pas eu le temps d’aller voir les filles, et donc dans le vestiaire à la mi-temps elle étaient hyper surprises de me voir c’était assez rigolo comme situation. J’ai vécu toute la 2e mi-temps sur le banc et à la fin quand on gagne c’est un sentiment assez indescriptible. On était menés de 14 points, on revient petit à petit et on gagne dans la dernière minute. On s’est tous pris dans les bras avec les joueuses avec le staff, c’était un moment magique. Tout s’est enchainé très vite derrière : la remise du trophée, le champagne dans le vestiaire, les photos avec le trophée. On est parti faire la fête dans Chicago avec tout le monde, il y avait une super ambiance. En rentrant à l’hôtel avec James on est revenu sur des souvenirs de ces trois dernières années. Le lendemain il y a eu la parade dans la ville, c’était dingue, il y avait plus de 15 000 personnes dans les rues, il y a eu une grande cérémonie avec le gouverneur, la maire de la ville. Ils ont même renommé la ville pour une journée « Sky Town ».
Je suis parti dans la soirée, j’ai pris mon avion, je suis arrivé le lendemain en France, à 17h30 à Cherbourg et j’avais match à 20h avec l’équipe en Coupe de France.

Avec Cherbourg le début de saison a été compliqué, quels sont les points qui peuvent être améliorés rapidement ?
Je pense que la plupart des gens ne connaissent pas forcément le contexte. On a construit une équipe pour la NF1, on avait l’ambition de monter donc sur le papier c’était une belle équipe pour la division. On a été repêchés en LF2, donc c’était tout de suite un nouveau challenge. Une des problématiques que j’ai c’est que aucune des joueuses de l’équipe n’a joué la saison dernière, les championnats ont été arrêtés très vite après 3 matchs et on joue contre des joueuses qui ont joué toute la saison, donc il y a un problème de rythme que l’on est en train de récupérer. L’autre problème c’est que l’on a eu des pépins physiques. Notre meilleure marqueuse de l’an dernier, notre capitaine qui ne peut pas jouer à cause d’un problème cardiaque. C’était une titulaire donc ça nous a fait mal. Notre poste 2 titulaire a des soucis physiques aussi donc c’est compliqué à gérer. Personnellement je suis arrivé le 7 septembre, donc à distance avant ça ne facilite pas les choses.
On a beaucoup de circonstances contre nous, il faut que nos jeunes joueuses s’adaptent au niveau, elle le font bien, on montre des choses intéressantes, j’espère que ça va continuer.

Ce week-end vous jouez Nantes qui n’est pas au mieux également, un match très important pour la suite.
C’est un match très important oui. Je veux vraiment que l’on se concentre sur la manière et il ne faut pas que l’on se bloque avec l’enjeu. On essaye de se concentrer sur certains points précis. Là il y a Nantes qui arrive, elles vont nous poser des problématiques, il va falloir trouver les solutions.