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Coupe du Monde 2019

Rendez-vous manqué

Bellenger/IS/FFB
par Julien Guérineau, à Pékin - 13/09/2019
L’Equipe de France n’ira pas en finale de la Coupe du Monde. Trahie par son adresse extérieure, elle a été dominée de bout en bout par l’Argentine (66-80).

Depuis le début de la Coupe du Monde, l’Equipe de France avait eu le bon goût de jailli des starting blocks. En demi-finale, elle a pris de plein fouet la furia argentine, menée par Luis Scola. A 39 ans le guide de sa sélection a donné une petite leçon de technique et de malice à ses vis-à-vis. 10 points en 7 minutes pour lancer son équipe et faire passer un léger frisson chez des Tricolores trop statiques en attaque et qui laissaient échapper des rebonds qu’ils avaient si bien contrôlés 48 heures plus tôt. La réussite les fuyait et Vincent Collet se tournait rapidement vers son banc pour y trouver une étincelle.

Elle allait venir de Louis Labeyrie et de Nando De Colo. Le premier, blessé dès le deuxième match de la compétition, faisait une entrée salvatrice. Il allait d’ailleurs être le seul à trouver la distance dans les tirs extérieurs, une donnée capitale face à un adversaire optant pour fermer totalement sa raquette. Le second apportait un peu de création pour limiter les dégâts dans un premier temps (14-21, 8’) puis reprendre l’avantage à la suite d’une passe aveugle volleyée géniale qui offrait un dunk à Mathias Lessort (24-23). La balle recommençait à vivre pour compenser les difficultés du leader offensif habituel des Bleus. Evan Fournier était collé comme une sangsue par un Facundo Campazzo qui lui rend 20 centimètres mais qui n’a eu de cesse de le pourchasser autour des écrans, le poussant dans les aides près du cercle. Scola régnait au rebond et sans paniquer l’Argentine reprenait sa marche en avant, concluant le premier acte sur un tir venu d'ailleurs de Campazzo.

Rudy Gobert, abreuvé de ballons face aux Etats-Unis, ne prenait qu’un tir lors des 20 premières minutes et le 2/13 à trois-points ne pouvait que conforter Sergio Hernandez dans ses options défensives. La consigne était donner dans les vestiaires d’alimenter le géant du Jazz. Mais l’exécution restait poussive, laissant un désagréable sentiment d’impuissance malgré les rotations et les essais tactiques, le duo Lessort-Poirier n’apportant pas plus de solutions que l’association Gobert-Labeyrie. Sur le banc, les visages se fermaient tandis que les Argentins produisaient un chef d’œuvre défensif dans la dureté. La France pensait pouvoir perdre un match d’attaque, c’est sur son terrain de prédilection qu’elle était battue.

L’écart enflera jusqu’à 15 points en fin de troisième quart-temps avant un début de retour enclenché par Frank Ntilikina. L’Equipe de France enchaînait plusieurs stops défensifs mais pêchait sur la ligne des lancers-francs au moment de concrétiser ses efforts. A aucun moment elle ne se montrait réellement menaçante pour une Argentine plus dure, plus vicieuse et portée par un Scola touché par la grâce (28 pts). L’occasion était immense de marquer l’histoire. Et l’histoire ne repasse pas souvent les plats. Il faudra être très fort mentalement pour rebondir après une telle désillusion, dimanche après-midi face à l’Australie, pour terminer sur le podium.

Argentine bat France  80-66

Les réactions

Vincent Collet : "C’est une immense déception. La première chose sur laquelle on avait demandé d’insister c’est l’agressivité. L’équipe la plus agressive est souvent celle qui gagne et malheureusement ce n’était clairement pas nous ce soir. On a beaucoup reculé face à leur pression défensive alors que souvent nous l’imposions à nos adversaires. C’était un très mauvais signal. Pour certains c’est un manque d’expérience, de ne pas être tout à fait au niveau d’intensité requis pour une demi-finale de Coupe du Monde. On a subi, au point d’avoir du mal à monter la balle parfois. L’énorme pression défensive nous a poussés à jouer séparés. En plus on a forcé quelques situations. Evan Fournier a été clairement ciblé et la défense de l’Argentine est très différente de celles que nous avions rencontrées. Ils ont eu une journée de plus pour se préparer et leur adaptation était impressionnante. Comme on ne libérait pas les ballons on les a encouragés, renforcés."