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Coupe du Monde 2019

Une immense frustration

Bellenger/IS/FFBB
Par Julien Guérineau, à Nankin - 09/09/2019
Au terme d’une rencontre légendaire, l’Equipe de France a échoué d’un souffle face à l’Australie (98-100) et croisera donc avec les Etats-Unis en quart de finale de la Coupe du Monde.

Les compétitions internationales ont ceci de cruel, tordu ou injuste, selon les points de vue, qu’elles réservent parfois des croisements compliqués à des équipes héroïques. C’est le cas cette année de l’Argentine, séduisante et invaincue, jetée dans les pattes de la Serbie en quart de finale. Le perdant du dernier match du groupe, à Nankin, savait pertinemment que son destin mondial passerait par une confrontation avec les Etats-Unis. Pour le vainqueur, la République Tchèque. Un grand écart absolu.

Lundi, contre n’importe quelle équipe, l’Equipe de France aurait sans doute rejoint les vestiaires avec une quinzaine de points d’avance. Elle a livré une partition remarquable, travaillant pour libérer une triplette extérieure Fournier-Batum-De Colo intenable (33 points), maîtrisant parfaitement le ballon (aucune balle perdue à la pause !) et se battant sur les pick n’roll et main à main incessants de son adversaire du soir.

Mais l’Australie n’est pas une équipe comme les autres. Candidate à une médaille, vainqueur des Etats-Unis en préparation, elle possède une impressionnante puissance de feu que les Bleus ne sont que très partiellement parvenus à limiter. Résultat des courses, c’est au coude à coude que les duettistes se sont offert 15 minutes de break (46-46). Principal cause des maux tricolores, Patty Mills, feu-follet insaisissable, virevoltait.

En début de troisième quart-temps, le meneur des Spurs s’est lancé dans un duel éblouissant avec Evan Fournier. Les deux hommes ont écœuré leurs chiens de garde successifs, pourtant réputés pour leurs qualités défensives. Fournier particulièrement, se déchaînait, signant 14 points consécutifs pour commencer à faire craqueler l’armure australienne. Vincent Collet profitait de ce coup de chaud pour l’associer à De Colo et la France signait alors un 10-0 spectaculaire, notamment en déviant plusieurs ballons qu’elle transformait en panier facile. L’apport d’Andrew Albicy était à cet instant déterminant, tout comme la présence d’un Gobert sevré de ballons mais totem inamovible dans sa raquette.

Pour la première fois une équipe semblait prendre le dessus (70-61). Mais Mills repartait dans ses raids meurtriers pour s’assurer que le money-time serait irrespirable (75-71). Le festival pyrotechnique se poursuivait dans le dernier quart-temps. Alors que les Bleus avaient été punis par l’adresse de loin australienne, c’est dans la raquette qu’ils prenaient l’eau. Les deux poids lourds se rendaient coup pour coup, les talents offensifs prenant définitivement le dessus. Nando De Colo maintenait les siens en vie sur deux paniers plein de sang-froid mais Matthew Dellavedova parvenait à provoquer des fautes et à 5 secondes du buzzer, il donnait l’avantage à l’Australie 98-99. Sur l’ultime possession, l’Equipe de France avait une chance de trouver un shoot pour l’emporter mais Patty Mills surgissait pour une interception décisive devant De Colo.

La défaite est minime mais les conséquences immenses. La France se déplacera à Dongguan demain matin aux aurores. Un long voyage pour y défier les maîtres du Monde.

Australie bat France  100-98

Les réactions
Vincent Collet : "Le match était tellement fou que si la balle était arrivée à destination, je sentais Nando tout à fait capable de faire la décision. C’est un crève-cœur parce que nous avons fait un match incroyable. Au-delà de ce que je pouvais espérer sur le plan offensif. En défense, en première mi-temps, nous avons été un peu bercés par la douce musique de l’attaque. Au détriment de quelques stops. Ensuite nous avons rectifié le tir mais c’est devenu fou. Même avec l’intensité et l’organisation défensive, l’attaque a toujours un coup d’avance. Deux bonnes défenses ont été mises ce soir en difficulté. J’ai félicité mes joueurs pour ce très grand match. Pour des spectateurs neutres ça devait être sympa, le plus grand du tournoi. Je leur ai demandé de ne pas baisser la tête dans le vestiaire. Nous avons un quart de finale contre la plus forte équipe de la compétition. Mais jusqu’à preuve du contraire nous sommes en vie. Ce qui est préoccupant c’est le déplacement de demain. Merci à l’organisation qui nous ramène à Shenzhen puis après en bus à Dongguan. Il va falloir gérer la fatigue du déplacement en plus de celle du match alors que les Américains sont déjà sur place. Mais on va tout donner pour réussir l’impossible exploit."

Nando De Colo : "C’est beau de scorer 98 points ce soir mais on en prend 100. Il n’y pas d’autres problèmes que la défense. C’est une équipe qui bouge bien et par moment on a réussi à les stopper. Mais au moindre relâchement ils nous sanctionnent. Pour aller le plus loin possible il faudra passer par les Etats-Unis."

Nicolas Batum : "L’Australie est une équipe qui fait 25-26 passes décisives par match. Quand ils bougent la balle ils sont très forts. On a eu du mal à arrêter leur pick n’roll. Quand on met 98 points, avec la défense qu’on propose depuis le début du tournoi, on ne doit pas perdre. C’est dur. Maintenant à nous de rester ensemble et d’avancer. Avec nous, tout peut arriver. On doit être déçus mais à 00h01 il faut passer à autre chose."