Vive l'égalité hommes-femmes | FFBB

Vous êtes ici

Jeux Olympiques - 5x5 féminines

Vive l'égalité hommes-femmes

Bellenger/IS/FFBB
Par Julien Guérineau, à Tokyo - 04/08/2021
L’Equipe de France féminine a rejoint son homologue masculine en demi-finale des Jeux Olympiques après avoir éliminé l'Espagne

Après s’être affrontées quatre fois en l’espace de trois mois cet été la France et l’Espagne avaient rendez-vous mardi soir pour un nouveau duel inédit puisque jamais les ennemis jurés ne s’étaient retrouvés face à face aux Jeux Olympiques. Médaillées d’argent à Rio, les Espagnoles étaient le dernier espoir d’un basket qui a manqué son rendez-vous européen en juin puis vu hier soir la fratrie Gasol partir à la retraite après son élimination en quart de finale contre les Etats-Unis.

Une période délicate que les joueuses de Lucas Mondelo voulaient adoucir en mettant les Bleues au pas. Cristina Ouviña en mode vengeuse masquée lançait les hostilités (6-11) mais très rapidement l’Equipe de France prenait le contrôle des opérations. Gabby Williams, frappait deux fois à longue distance avant le début du show Marine Johannès. La Villeurbannaise n’est pas encore un modèle de constance mais lorsqu’elle prend feu, peu de joueuse en Europe peuvent proposer son niveau de créativité. En dix minutes elle signait 11 points et 2 passes et sur la période la France a signé un +17. Gênée par l’agressivité de son adversaire, l’Espagne était, de plus, trahie par son adresse extérieure, arrosant avec une constance très éloignée des standards affichés depuis le début des Jeux (deuxième équipe la plus adroite derrière les Etats-Unis).

Les Bleues, inspirées et appliquées, en profitaient pour se détacher, comptant jusqu’à 14 points d’avance (33-19). Elles payaient cependant un lourd tribut aux fautes, Valérie Garnier étant obligée de pianoter sur son banc pour préserver des intérieures toutes sous la menace. Astou Ndour, en lévitation depuis son arrivée à Tokyo (22,7 pts, 10,0 rbds de moyenne), en profitait pour débuter son chantier, bien servie sur le jeu à deux par Ouviña. Les trop nombreuses balles perdues (12 à la pause) venaient ternir le bel ouvrage tricolore et limiter l’écart à la pause (36-30).

Avec un duo Sandrine Gruda-Endy Miyem limité à 4 points la France pouvait cependant espérer du mieux offensivement. Et la meilleure marqueuse de l’histoire de la sélection répondait à ses attentes en inscrivant deux paniers consécutifs pour lancer la deuxième mi-temps. Sa faute antisportive coupait un instant les jambes de ses coéquipières mais les Bleues toujours portées par Johannès repartaient de plus belle (50-40). Toutes les rotations françaises apportaient alors leur écot à l’œuvre collective à l’image d’Iliana Rupert, imposante au rebond ou Marine Fauthoux sacrifiant son corps pour provoquer la quatrième faute d’Alba Torrens.

A l’approche du money-time l’Equipe de France n’avait rien laissé échapper de son avance (55-48) mais son attaque semblait soudain statique. Muette pendant de longues, trop longues minutes, elle voyait fondre sur elle une Espagne revigorée par son joker Maite Cazorla qui se fendait de 8 points pour repasser en tête. La fin de match était un chassé-croisé permanent. A 48 secondes du buzzer Marine Johannès réussissait un tir dont elle a le secret, sur de mauvais appuis et en déséquilibre avec la planche pour offrir trois longueurs d'avance aux siennes. Après un panier de Cazorla et un lancer-franc raté de Duchet, Mondelo tentait le tout pour le tour en dessinant un système pour un tir primé. Une prise de risque qui se terminait sur une balle perdue et qui offrait à la France sa troisième demi-finale consécutive aux Jeux Olympiques.

France bat Espagne : 67-64

Les réactions
Sandrine Gruda :
"C’était fort en émotions. Tout mouvement, toute attitude peut être décisive. Quand elles sont repassées devant je me suis dit mais non, pas encore, pas ce soir, pas cette fois-ci. On était déterminé à ne pas laisser filer cette rencontre entre nos doigts. Nous sommes une équipe déterminée et dans un élan qui nous permet d’être soudées. Cette énergie permet de remonter la pente dans des situations où on peut bégayer. On souvent perdu des matches contre elle et les battre sur cette scène mondiale c’est juste énorme."

Alix Duchet : "C’est une fierté d’équipe. On a sorti toutes nos tripes. La dernière minute a été interminable. La fin c’est tout dans le mental et rester focalisée sur le prochain tir sans se soucier de ce qui s’est passé. Battre l’Espagne c’est une saveur supplémentaire évidemment mais ça aurait été tout autre adversaire c’est une qualification pour le dernier carré. Contre le Japon il faudra s’adapter. Nous sommes dans une nouvelle dynamique et nous sommes vraiment une équipe de 12 joueuses."

Endy Miyem : "On a rencontré pas mal d’obstacles mais on a continué malgré tout avec une véritable volonté de gagner. Je suis très heureuse de la façon dont nous avons gagné. Parfois nous sommes devant et quand l’équipe revient, on a tendance à baisser la tête et on joue différemment. Aujourd’hui ce n’était pas le cas. On a eu des moments difficiles mais nous avons continué à jouer de manière agressive. Parfois on parle et sur le terrain on ne fait pas. Ce soir on l’a fait. On arrêtait pas de se dire : on ne perd pas, on ne perd pas. Ça nous a aidés de se parler, de rester fortes, de ne pas se laisser submerger par la situation. Nous sommes restées ensemble et solides."

Valérie Garnier : "Aujourd’hui nous avons gagné un match important pour le basket féminin français. Je suis très fière de mes joueuses et de mon staff. Quand je regarde les statistiques elles ne sont pas en notre faveur. Mais on a tenu. Le projet c’était de voler la confiance des Espagnoles. L’abnégation en défense, avoir une capacité de gérer les temps faibles, c’est ce qu’elles ont fait de manière exceptionnelle. Je pense que l’Espagne s’attendait à une petite équipe française qui plie, qui lâche à un moment donné. Il fallait montrer qu’on était toujours droites, toujours fortes. C’est ce qu’elles ont fait pendant 40 minutes. Oui on a perdu des ballons, oui on a laissé échapper des rebonds mais à l’arrivée la défense, l’énergie et l’engagement font que c’est nous qui passons. (Le coach espagnol a déclaré en conférence de presse que l'Espagne méritait de gagner). J’aime beaucoup Lucas Mondelo. Mais en attendant c’est nous qui sommes en demi-finale. Il y a un passé France-Espagne et parfois c’est tombé de l’autre côté. Ce n’est pas un hasard si elles ratent un panier sous le cercle ou la dernière passe. Parce que l’intensité était présente. On mérite autant la victoire que l’Espagne… et en plus on l’a."