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La tête et les jambes

Bellenger/IS/FFBB
par Julien Guérineau - 21/03/2020
C’est un profil totalement atypique dans le basket français de jeunes. Maxime Raynaud (2,12 m, 16 ans) a fait le choix de ne pas intégrer un centre de formation ou le Pôle France pour poursuivre sa scolarité au prestigieux Lycée Henri IV, à Paris.

Alors que les différents championnats sont à l’arrêt pour lutter contre le COVID 19, la FFBB vous propose de découvrir quelques-uns des meilleurs prospects français. On poursuit notre tour d’horizon avec Maxime Raynaud, international U16 l’été dernier.

Astrophysicien ou joueur NBA. Maxime Raynaud hésite encore. "Je ne veux me fermer aucune porte", acquiescet-il dans un sourire. "Les deux sont des rêves et je travaille à pouvoir conserver ce choix le plus longtemps possible." L’échange peut paraître lunaire mais prend tout son sens avec ce jeune homme de 16 ans, aussi à l’aise sur les parquets que sur les bancs de l’école. Une situation qui fait de Raynaud un cas à part dans le concert des meilleurs prospects français.

À l’heure où tous ses partenaires de jeu en Équipe de France ont rejoint le Pôle France ou un centre de formation, il a choisi de rester fidèle à son club de la Saint-Charles Charenton en U18 France. Une différence qui pourrait pénaliser Raynaud, médaillé d’argent l’été dernier avec les U16, conscient du challenge à relever. "Je me suis dit qu’un fossé énorme allait se creuser et que je ne serais pas en mesure de le combler", remarque-t-il en évoquant ses trois entraînements hebdomadaires là ou d’autres s’entraînent une à deux fois par jour. "Mais avec Charenton nous avons mis au point une organisation qui me permet de progresser tout en poursuivant dans mon lycée. Aujourd’hui j’en suis très content." Dominateur dans le championnat de France U18 (17,5 pts de moyenne) il sait toutefois que le niveau d’opposition est très éloigné de celui qu’il a pu observer lors du stage de l’Équipe de France U17 à l’INSEP début janvier.

Face à Victor Wembanyama (2,18 m) et Naoll Balfourier (2,15 m), le Parisien a dû s’adapter. "Quand quelqu’un te met deux têtes tu ne peux pas être mou", souffle-t-il, lui qui avait vécu des moments parfois compliqués dans un rôle secondaire avec les U16 à l’Euro (7 minutes de temps de jeu). "Quand tu n’es pas mis en avant comme c’est le cas à Charenton, sur le coup ça fait bizarre. Mais c’est très enrichissant d’apprendre à trouver sa place. Ça a été dur. Avec le recul je suis plus content que malheureux de cette campagne." Un niveau d’analyse remarquable pour un joueur de cet âge, désireux de ne pas se conformer à un cadre bien défini. "D’un point de vue social, pouvoir mêler les deux univers, basket et études, est très intéressant pour mon développement personnel." Car Henri IV n’est pas un lycée comme les autres. Situé dans le 5e arrondissement de Paris l’établissement est connu pour son élitisme et n’avait encore jamais vu passer un OVNI comme Maxime Raynaud au moment de gérer sa demande d’une fin anticipée des cours pour rejoindre la préparation de l’Équipe de France. "Habituellement il s’agit plutôt de demandes qui concernent les arts ou la musique. Pour le sport c’est une première. Mais le lycée est emballé."

À la fin de la saison, le joueur devra à nouveau se pencher sur son mode de fonctionnement et la nécessité de multiplier les entraînements pour continuer à exploiter une mobilité et une vision du jeu assez rares pour un tel gabarit.