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ÉQUIPES DE FRANCE JEUNES

"Parfois je leur disais : stop, arrêtez le pressing"

FIBA
Julien Guérineau - 21/08/2020
En août 2014, l’Equipe de France U16 survole le Championnat d’Europe de la catégorie. Neuf matches, neuf victoires, 26,7 points d’écart en moyenne. Domination totale.

Difficile à imaginer mais six mois avant d’écraser l’Euro U16, Bernard Faure se posait pas mal de questions sur le potentiels de ses ouailles. Au traditionnel tournoi de Sakarya que les Bleuets disputent chaque année en Turquie, la France était tombée sur un os. "En février, la Lettonie nous avait battus de 30 points", se souvient Bernard Faure. "On s’est dit en revenant : comment on va pouvoir les jouer ? Nous n’avions pas existé." Mais les quelques semaines qui vont suivre vont largement changer la donne. En juin, Frank Ntilikina obtient son passeport français après de longues démarches administratives. Le staff technique intègre également dans le groupe Adam Mokoka (Gravelines) et Abdoulaye Ndoye (Cholet). "Ils ont bonifié l’équipe", admet Bernard Faure qui croise également les doigts pour que Killian Tillie, très souvent blessé et ménagé en préparation, soit opérationnel le jour J.

Avec ses renforts sur les lignes extérieures, la France change de style de jeu. Son entraîneur sait que la valeur défensive de son équipe a fait un bond phénoménal et décide d’exploiter au maximum les qualités de ses troupes et sa profondeur de banc. "Quand tu as beaucoup de joueurs tu as les moyens de développer une défense haute et conquérante. Yves Pons et Digué Diawara qui étaient les 11e et 12e homme n’auraient pas été loin du cinq majeur avec d’autres générations." Les Bleuets appliquent donc une pression tout terrain de tous les instants. Une agressivité et un engagement qui font mouche dès le premier entre-deux. Le Danemark est pulvérisé de 54 points ! La Pologne écrasée de 38 unités. La Russie repart avec 39 points dans les valises. "Nous étions dans une bulle, sans réfléchir à ce que l’adversaire pensait de nous", explique Bernard Faure. "Certaines équipes lâchaient en se disant que ce n’était pas la peine de lâcher de la gomme contre nous. Et moi parfois je disais aux gars : stop, arrêtez le pressing… Ils étaient tellement enthousiastes."

Personne ne parvient à ralentir le train tricolore qui terrifie la concurrence. Malgré leur inexpérience, les U16 ont compris que leur intensité et la répartition des temps de jeu constitueraient leur force. "Ce qui est difficile c’est de récupérer les joueurs qui évoluaient 30 minutes avant et qui risquaient de lâcher. Il a fallu expliquer. Et quand tu gagnes tout le monde comprend." En finale, la France retrouve la Lettonie, qui évolue à domicile. Dans la petite salle de l’Electrum Olympic Centre de Riga, les locaux résistent une mi-temps avant d’exploser face à Bathiste Tchouaffe (16 pts), élu dans le cinq idéal du tournoi et Killian Tillie, MVP de l’Euro après un dernier acte exceptionnel : 25 points, 18 rebonds, 3 passes décisives, 5 interceptions, 2 contres pour une évaluation gargantuesque de 45 ! 10 ans après, l’Equipe de France U16 retrouve la première marche du podium. Sans l’ombre d’un doute. "Ce qui m’a le plus marqué ce sont les coaches adversaires venus nous dire : qu’est-ce que vous avez travaillé, vous étiez injouables pendant la compétition", sourit Bernard Faure.