Arbitrage

Stage de revalidation

Dans les coulisses avec Djamel Messaoudi, arbitre National.

Aujourd'hui
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Toutes les saisons, ils y ont droit et vous savez qu’ils y vont. Mais un stage de revalidation des arbitres des championnats de France, qu’est-ce que c’est vraiment ? Entre test du Luc Léger, vidéos, travail technique et encadrement de haut niveau, c’est le passage obligé pour tous les arbitres fédéraux et nationaux avant de repartir officiellement pour la nouvelle saison. Pour en parler, nous recevons Djamel MESSAOUDI, arbitre au niveau national, qui officie sur les rencontres de NM2, LF2, Espoirs Élite, Espoirs Élite 2 et NF1.

Djamel, pour commencer simplement : qu’est-ce qu’un stage de revalidation ?
C’est une étape obligatoire pour tous les arbitres qui officient en Championnats de France. Chaque saison, on doit y participer pour montrer qu’on est prêts physiquement, techniquement et mentalement. Sans validation de ce stage, on ne peut pas prendre le sifflet sur les compétitions !

 

On dit souvent que c’est « l’examen de rentrée » des arbitres. Tu le ressens comme ça ?
Oui, complètement. C’est comme une rentrée des classes, sauf qu’on commence direct par un contrôle ! (sourire). Le stage, c’est à la fois une vérification et une mise à jour. On y retrouve nos collègues, mais on sait aussi qu’on va être évalués et challengés.

 

Le fameux test physique, c’est vraiment la première grosse étape ?
Exactement. On ouvre souvent le stage par le Luc Léger. C’est un test exigeant où on court sur 20 mètres en suivant un rythme de bips qui accélère progressivement. Pour les hommes, c’est le palier 10 minimum, pour les femmes le palier 8. Après, il y a des ajustements selon l’âge : par exemple, un homme de plus de 35 ans doit atteindre le palier 9, et au-delà de 50 ans, le palier 8. Pareil pour les femmes en fonction de leur palier à elles. C’est notre « ticket d’entrée » dans la saison.

 

Tu t’y prépares longtemps à l’avance ?
Bien sûr. On ne peut pas débarquer sans avoir couru avant. Beaucoup d’arbitres suivent un petit programme d’entraînement dès l’été. Parce que si tu rates ce test, tu es recalé. Et mentalement, tu as la pression : tu as beau être prêt techniquement, si physiquement ça ne passe pas, ta saison s’arrête là et tu dois aller sur un stage de rattrapage. Jusqu’au stage de rattrapage, tu ne peux pas arbitrer.

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C’est donc un stage exigeant. Mais il y a aussi des moments de formation plus théoriques ?
Oui, et c’est tout aussi important. On a des sessions sur les nouvelles règles mises en place par le Service de Formation des Officiels, mais aussi sur des sujets essentiels. Cette année, nous avons eu des séances vidéo, une séance sur le timing du coup de sifflet, une séance sur les règles et sur la commotion cérébrale.

 

Vous travaillez beaucoup sur les vidéos, non ?
Absolument. On passe du temps à analyser des séquences de matchs. On revoit des actions litigieuses, on discute en groupe : qu’est-ce qui aurait dû être sifflé, qu’est-ce qui a été bien arbitré, quelles sont les erreurs à éviter… C’est un travail de détails. Le but, c’est d’uniformiser nos décisions, que peu importe l’arbitre ou la salle, les consignes soient appliquées de la même façon.

 

Il y a un atelier qui m’a intrigué dans la lecture de votre programme, c’est l’atelier : « Être prêt à tout ». Tu peux nous expliquer ?
C’est un module assez original. On nous met dans des situations imprévues et inconfortables … L’idée, c’est de nous préparer à gérer le stress et à garder la maîtrise. Parce que sur le terrain, on doit toujours être capables de réagir vite et de garder notre sang-froid.

 

Ce n’est pas uniquement entre arbitres. Vous avez aussi l’apport d’un entraîneur pendant le stage ?
Oui, un entraîneur en activité vient partager son point de vue : ce qu’il attend de nous, ce qui peut l’agacer, mais aussi ce qui facilite son coaching. C’est toujours très enrichissant, parce que ça nous oblige à voir le basket à travers ses yeux. Des détails qui paraissent anodins pour un arbitre peuvent être déterminants pour un coach. Cette confrontation de visions est précieuse. Cette année, par exemple, nous avons travaillé sur le ghost screen. L’entraîneur nous a expliqué tactiquement de quoi il s’agissait, et en parallèle, un formateur nous a montré concrètement comment l’arbitrer

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Et qui encadre tout ça ?
On a la chance d’être entourés par des arbitres qui officient sur le plus haut niveau national, voire international. Ils viennent partager leur expérience, leurs conseils. Quand tu vois un arbitre qui évolue sur les plus hauts niveaux nationaux, ça inspire. Tu te dis : « OK, si je veux progresser, c’est ce niveau d’exigence-là que je dois viser. »

 

Concrètement, une journée de stage, ça ressemble à quoi ?
C’est très dense. On commence tôt le matin avec l’accueil et souvent le test physique. Ensuite, il y a une alternance entre des séances en amphithéâtre (nouvelles règles, commotions, timing des contrôles), des vidéos, des travaux en groupes, et l’intervention technique. On finit souvent par une mise en commun, et le lendemain on repart pour des ateliers avant la clôture.

 

L’ambiance, c’est studieux ou plutôt convivial ?
Les deux. On sait qu’on est là pour bosser sérieusement, mais il y a aussi une vraie cohésion. On se connaît tous plus ou moins, on retrouve les collègues, on échange nos expériences. Il y a des moments de détente, mais dès qu’on est en salle ou sur le terrain, c’est focus total.

 

Tu parlais de pression tout à l’heure. Le stage, ça reste un stress pour toi ou c’est devenu une routine ?
Honnêtement, il y a toujours une part de stress. Même après plusieurs saisons. Parce que tu sais que tu es évalué. Mais c’est aussi motivant. Tu as envie de montrer que tu es prêt, que tu mérites ta place. Et au fond, cette pression fait partie du métier d’arbitre : gérer la pression, c’est notre quotidien.

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Si je résume, ce stage c’est un mix entre effort physique, apprentissage technique et partage d’expérience. Tu rajouterais quoi ?
Je dirais que c’est surtout un moment où tu ressors plus armé pour ta saison. Tu valides ton état de forme, tu es à jour des règles, tu as pris des conseils de haut niveau et tu as échangé avec tes pairs. Tu te sens prêt, et tu repars avec la motivation de bien faire.

 

Finalement, si tu devais convaincre quelqu’un que ce stage est une chance plus qu’une contrainte, tu lui dirais quoi ?
Je lui dirais : « Tu peux voir ça comme une obligation, mais en réalité, c’est ton meilleur tremplin. Tu repars boosté, confiant et préparé. C’est ton assurance pour entrer dans la saison avec le bon état d’esprit. »

 

Le stage de revalidation, c’est bien plus qu’une formalité administrative. C’est le moment où les arbitres valident leur condition physique, mettent à jour leurs connaissances, et partagent leur passion du jeu avec des encadrants d’exception. Entre exigence, apprentissage et cohésion, chaque participant repart renforcé et prêt à affronter les défis d’une nouvelle saison.

 

Pour Djamel MESSAOUDI, ce rendez-vous est avant tout une opportunité : « Tu repars avec de la confiance, une motivation décuplée et la certitude d’être prêt. C’est un passage obligé, mais surtout une vraie chance pour progresser. » Alors, la prochaine fois que vous verrez un arbitre sur un parquet, souvenez-vous qu’avant de siffler la première faute, il a déjà couru ses paliers, étudié des situations vidéo et affronté son propre stage … pour donner au basket la rigueur et la passion qu’il mérite …