Coupe de France U18 Féminines
Vous retrouvez la finale de Coupe de France avec Bourges après avoir été éliminé sur la dernière marche avant Paris l’an dernier. Quel est le sentiment de revenir à l’Accor Arena, après votre sacre de 2023 ? Était-ce un objectif en début de saison ?
Bien sûr que c’était un objectif. Il était clairement défini par toutes les filles et par moi-même évidemment. L’an dernier, ça a été une énorme déception pour nous. On avait été sacrés en 2023, on avait gardé une grosse ossature en 2024, renforcée par des arrivées et des joueuses qui avaient progressé. On pensait avoir les armes, mais on est tombé sur une équipe de Lattes Montpellier qui était clairement meilleure ce jour-là. Il n’y a pas eu photo en quart de finale. C’est resté une vraie déception. Mais on s’en est relevé. On a travaillé, beaucoup, et cette défaite nous a servi. Elle a été fondatrice. On l’a vue ensuite avec notre titre de champion de France en 2024, en battant le BLMA en demi-finale. Cette saison, on voulait se rattraper, prouver qu’on méritait à nouveau d’être à l'Accor Arena et surtout être capable de finir en beauté avec la génération 2007.
La Finale de Coupe de France U18 féminines est devenue un rendez-vous régulier pour Bourges : 9 participations, 5 victoires, 4 défaites depuis 2000. Qu’est-ce que cela représente d’y être aussi régulièrement ?
Plusieurs choses. C’est une compétition qu’on valorise beaucoup au sein du centre de formation. Notre objectif principal, ce n’est pas de gagner des titres, mais de former des joueuses et faire en sorte qu’elles soient capables d’atteindre le plus haut niveau possible. On ne construit pas toute notre saison autour du championnat, à mettre toujours à mettre la meilleure équipe possible, pour le gagner et être champion à tout prix. Evidemment, il y a des matchs qu’on va prioriser lorsqu’on arrive sur ses grosses échéances mais ce n’est pas quelque chose qu’on cible. En revanche, la Coupe de France, c’est différent. On joue deux plateaux, cinq matchs avec un titre à la clé, c’est la meilleure composition possible à nos yeux. C’est très hyper important pour nous d’y être car c’est une belle vitrine pour le club et notre travail. Toute la France du basket regarde cet événement. Et puis, pour les filles, c’est une opportunité et une récompense rare : jouer dans une salle comme l’Accor Arena, c’est peut-être unique dans leur carrière. Pour les coachs aussi. C’est un souvenir impérissable.
Parlez-nous un peu de votre groupe : quelles sont ses forces ? Ses faiblesses ?
C’est un groupe très expérimenté. Parmi nos 2007, qui vivent leur dernière saison en U18, certaines ont déjà gagné la Coupe de France en 2023. Trois d’entre elles étaient dans la composition, et elles sont toujours là. On a aussi été champion de France U18 l’an passé, donc elles ont connu des matchs à enjeux notamment sur le Final Four. Trois joueuses ont participé à des compétitions internationales cet été. Chez les 2008, deux ont fait les préparations avec l’Equipe de France. Ce vécu, cette expérience, c’est une vraie force. Autre point fort : leur esprit collectif. On insiste énormément là-dessus. Et enfin, la polyvalence : on a de la qualité sur tous les postes, avec des joueuses très complètes et un talent assez exceptionnel. Côté faiblesses, je dirais l’intensité globale. Même si on a progressé, on peut encore s’améliorer comme en témoigne le match contre Charleville-Mézières. Et puis, il y a ce petit travers lié à l’expérience : parfois, on fonctionne comme une équipe senior. Quand l’échéance semble lointaine, il peut y avoir un relâchement, moins d’intensité à l'entraînement. C’est humain, mais il faut le surveiller.
Vous allez retrouver Lyon, que vous avez déjà affronté quatre fois cette saison (4-0 pour Bourges). Comment abordez-vous cette cinquième confrontation ?
Il faut féliciter le travail de Damien Leroux, leur coach. Il a repris un groupe en difficulté et l’a transformé. Son équipe a dominé deux formations très solides sur le plateau du carré final. C’est une équipe jeune, mais pleine de talent, qui sera redoutable dans les années à venir. Concernant ce match, surtout pas de suffisance. On est à 4-0 contre Lyon cette saison, mais ce sera un tout autre match. Si on y va en pensant que c’est gagné, on va dans le mur. L’équipe sera différente, probablement renforcée. Cela étant, il ne faut pas non plus faire l’inverse et se dire que ce sera la terreur et qu’on ne trouvera pas de solution. On doit être sûr de nos forces.
Vous avez parlé de vos cadres qui étaient déjà là en 2023. Est-ce qu’il y a une transmission naturelle entre générations ?
Énormément. On insiste là-dessus. Chloé Rousselière, Maïwenn Poilvé, Alicia Tournebize... ce sont nos trois joueuses majeures cette année sans manquer de respect au reste de mon groupe. Elles ont été internationales U17, deux ont joué la finale 2023, Alicia (Tournebize) en a même été MVP. Leur vécu est précieux. Elles sont rentrées au centre de formation il y a 3 ans, je croise les doigts pour elles, mais elles ont fini chaque saison avec un titre. C’est quelque chose aussi qu’on essaie d’inculquer aux plus jeunes. Ce n’est pas juste parce qu’on est Bourges qu’on gagne des titres. C’est parce que le travail qu’on fait toute l’année, même dans le dur et quand personne ne le voit, qu’on construit à de grandes victoires et elles ont été formidables cette année et elles ont tiré tout le monde vers le haut cette saison.
Que représente l’Accor Arena pour vous ? Quel est l’atmosphère autour de cet événement ?
C’est tout simplement extraordinaire. J’ai eu la chance de vivre plusieurs moments forts avec Bourges : des titres, des finales... mais l’Accor Arena, c’est au-dessus de tout à l’heure actuelle. C’est grandiose, tout le monde du basket est là. La salle est magnifique. L’organisation et tout ce qui est mis en place par la Fédération Française de Basketball est au top. Et puis, c’est un souvenir à vie pour les filles avec le public. On n'a jamais autant de monde dans notre salle. En 2023, on avait peut-être 200 ou 300 supporters venus. Pour nous qui jouons principalement dans l’anonymat, c’est énorme. Jouer devant ce public, avec les caméras, la télé, l’émotion... c’est inoubliable. Ce sont ces moments pour beaucoup qu’elles ne vivront sûrement qu’une fois dans leur carrière et pouvoir leur faire vivre ça, c’est juste magnifique.
Cette année, les U18 et l’équipe professionnelle de Bourges sont toutes les deux en finale. Ça crée un engouement particulier dans le club ?
Énormément. Pour l’anecdote, les pros se sont qualifiées avant nous, en gagnant leur demi-finale à Basket Landes. Juste avant notre plateau, elles allaient à Lyon pour jouer contre LDLC ASVEL Féminin. On s’entraînait au Prado et on les croisait souvent. Artemis (Spanou), leur capitaine, venait me voir et me disais qu’elles n’avaient qu’une seule envie, c’était d’avoir une énorme fête là-bas. Et donc elle me répétait : "faites le job, ramenez-nous cette qualification !". Et cet engouement s’est propagé à tout le club. On sent une énergie collective, une envie partagée. Si on peut ramener ce doublé, ce serait un moment fort dans l’histoire du club.