Interview - Nationale Masculine 1
Challans a décroché le titre de champion de France NM1. Quel sentiment prédominait à l'issue de la belle contre Mulhouse ?
C'est une grande fierté d'avoir réussi à mener ce projet au bout. On l’avait dans un coin de la tête même si on sait que la NM1 est un vrai labyrinthe. Pour réussir à avoir le ticket c'est un vrai parcours du combattant. En janvier j’avais dit aux gars que peu d'équipes voudront nous jouer en playoffs. C'est un sentiment de fierté d'avoir réussi à amener ce groupe jusqu'au bout, jusqu'où il pouvait aller.
Vous avez joué 48 matchs cette saison, c'est long. Pouvez-vous identifier les moments clés qui vous ont mené à ce titre ?
Notre début de saison n'est pas en adéquation avec le projet de jeu et le projet de vie. On avait un souci avec notre premier Américain (Brent Jackson), on a vite remédié à ça. Randy Haynes, qui était notre premier choix en juillet, préférait attendre d'avoir des opportunités peut-être plus intéressantes mais il était encore sur le marché. C'est le premier moment.
Le deuxième c'est quand on gagne à Tours. On perd avant à Levallois et Lorient où on était mieux dans l'esprit mais pas encore dans cette identité de jeu que je souhaitais installer. On a eu plusieurs réunions dans cette période qui ont fait qu’on a réussi à basculer. Le déclencheur de notre aventure a été ce match à Tours.
Et puis il y a l'ensemble de notre phase 2 qui est de grande qualité en termes de résultats et de jeu. Tout doucement on a gratté le retard sur Quimper même si ça n’était pas un objectif. L’objectif c'était vraiment de faire en sorte d’avoir l'avantage du terrain le plus longtemps possible en playoffs. On est revenu un peu dans la course au premier ticket, à 4-5 journées de la fin on a naturellement fait évoluer l'objectif en se disant qu’on peut aller le chercher.
Vous débutez les playoffs dans le rôle du favori en tant que deuxième de la phase 2 (Quimper, premier, était assuré de monter) mais aussi avec de la pression. Comment les avez-vous abordés ?
On n’était pas forcément attendu donc on n'a pas mis de pression supplémentaire par rapport à tout ça. On était dans un tableau compliqué en playoffs avec Le Havre dans notre partie. On s’est construit au fur et à mesure des matchs en se donnant des objectifs chaque fois. Les mecs ont commencé à y croire réellement, on n’a pas enfilé cette casquette de favori car monter n'était pas l'objectif prioritaire du club. On a construit notre aventure jour après jour, match après match, on est resté dans cette ADN.
En demi-finale et en finale, vous remportez le match 1 à l'extérieur avant de perdre le retour à domicile puis de gagner la belle. Que cela signifie-t-il sur votre équipe ?
Sur le papier on savait qu’à partir du moment où Quimper était sorti au premier tour, on aurait l'avantage terrain jusqu'au bout. L'avantage tu l'as à partir du deuxième match de la série. Il fallait prendre le match à l'extérieur alors on est parti en mission. On fait 3/3 et on sait qu’on peut finaliser sur les deux matchs qui suivent chez nous. Je ne sais pas si on s'est vu trop beau, on a mal géré ces deuxièmes matchs à domicile mais on est toujours resté serein parce qu’on n'avait pas forcément fait ce qu'il y avait à faire dans l'intensité, les efforts à produire pour gagner. Et c'est pour ça qu'on a plutôt très bien réagi sur les matchs 3 contre Le Havre et Mulhouse parce qu'on est toujours resté serein. Au bout de 48 matchs, tu sais aussi qui tu es en termes d'identité collective, de caractère. On s'est construit comme ça et c'est vraiment l'ADN de cette équipe : beaucoup de remise en cause, de travail, d'humilité même si je pense qu’on n’en a pas fait preuve contre Mulhouse dans le match 2. On était un peu trop concentré sur l'après-match plutôt que sur le match.
Pouvez-vous décrire les heures qui séparent les matchs 2 et 3 de la finale ? Il a fallu se relever d’une défaite de 30 points alors que vous meniez de 14 dans le premier quart-temps.
L'histoire de cette équipe est liée au fait que beaucoup de joueurs étaient entre guillemets boudés de la Pro B. Ils n’avaient pas eu la chance non plus de s'inscrire dans la durée dans certains clubs de NM1. Entre le match 2 et 3 on s’est parlé, on a joué sur le côté émotionnel en incluant les familles, je pense que c'était important de le faire pour montrer à tous les joueurs qu'on jouait plus qu'un match. On a fait le travail le dimanche et il ne faut pas oublier qu’on perd très rapidement notre capitaine et fer de lance défensif Greg Bengaber. On a été solide parce qu’on s'est dit les choses et on s'est remis en cause entre les deux matchs.
Un mot sur votre public qui a été incroyable notamment au match 3. Quelle part du succès peut-on lui attribuer ?
Il y a beaucoup d'engouement autour de nous depuis le début de la phase 2, c'est monté crescendo. A Challans, il y a énormément de passion basket dans le club, la ville. On savait que les gens allaient nous suivre, que beaucoup de personnes attendaient ça depuis 40 ans et il y a eu cette effervescence qui nous a accompagnés jusqu'au bout, dans nos temps faibles et qui nous a donné l'énergie pour ce marathon. C'était magnifique à vivre.