Interview - Nationale Masculine 1
Cela fait désormais deux saisons que vous êtes à Quimper. Deux saisons intenses, deux saisons de bataille pour accéder à la Pro B. L’objectif est atteint. Quel est votre sentiment aujourd’hui ? Avez-vous le sentiment du devoir accompli ?
Oui, c’est évident. Il y a de la fierté. Il y avait aussi la pression, beaucoup d’attentes autour de ce projet. Quand je suis arrivé à Quimper, c’était clairement pour faire monter le club. Ces deux années ont été riches en émotions. Le club m’a fait confiance, je les remercie pour ça. Et aujourd’hui, je suis extrêmement heureux d’avoir pu remplir cet objectif.
Pouvez-vous revenir sur le déroulé de votre saison ? Quelle a été la dynamique sur les deux phases, et comment avez-vous vécu cette fin de saison, quasi épique ?
On a plutôt bien démarré. Lors de la présaison, on était en bonne forme physique, l’effectif était cohérent, et on n’a pas eu besoin de faire d’ajustement. Mais une semaine avant le début du championnat, deux blessures nous ont touchés lors du dernier match de préparation contre Lorient. Lucas Thévenard se blesse à la cheville pour environ deux-trois semaines et surtout, notre meneur Nadyr Labouize se blesse et rate toute la phase aller de la première phase. Heureusement, le club a été très réactif et a su recruter rapidement un pigiste médical en la personne de Fredéric Loubaki. On réalise un début de saison très correct : 12 victoires pour une seule défaite sur la phase aller, puis on termine cette première phase avec 4 revers seulement. Très vite, on s’est sentis en confiance avec notamment une victoire sur le fil à Tarbes-Lourdes dès la première journée qui a soudé l’équipe. Mais la suite a été plus compliquée avec la perte de notre pivot titulaire Antoine Wallez pendant un mois. Là encore, on a su réagir avec l’arrivée de Pape Beye qui a très bien rempli son rôle.
En deuxième phase, on reste premiers, mais avec seulement une victoire d’avance contre 4-5 dans la phase précédente. La tension est montée, surtout à l’extérieur où on a eu du mal à enchaîner. À domicile, on tenait bon. Puis on perd face au Havre à la maison, un vrai coup dur. On savait qu’on n’avait plus notre destin entre les mains mathématiquement. Heureusement, les Sables d’Olonne battent Le Havre, et ça relance tout. À la dernière journée, on savait que la montée directe était possible. On a été à la peine offensivement mais on était vraiment en mission défensive ce qui nous permis de nous imposer à LyonSO . Et au final, tout s’est aligné.
Cette fin de saison n’est pas sans rappeler celle de l’an dernier, où vous aviez échoué de peu. Avez-vous craint que l’histoire ne se répète ?
Très clairement. Deux journées avant la fin, on se préparait davantage à jouer les playoffs qu’à gagner le championnat en direct. On avait beaucoup de doutes. C’est dur d’être leader toute la saison, de porter cette étiquette d’équipe à battre qui est difficile à porter. Et toutes les équipes nous jouaient à fond, souvent sans pression, ce qui les rendait plus performantes que leurs moyennes habituelles.
Comment avez-vous abordé ce dernier match face à LyonSO, sachant que vous n’aviez pas la main sur votre destin ?
Avec le staff, on a décidé de ne rien savoir du match du Havre avant la fin du nôtre. On avait trop peur de perdre notre concentration. On voulait rester focalisés sur notre performance car on pouvait maîtrisé ce qu’on allait produire contre LyonSO mais nous n’avions aucune emprise sur celui du Havre et de Challans. On a eu que trois jours pour se préparer donc il a fallu vite se concentrer. Il fallait assurer la deuxième place pour recevoir en playoffs, au cas où. Finalement, on n’en a pas eu besoin.
Et que s’est-il passé au moment où vous avez appris la défaite du Havre ?
C’était fou. Je venais de serrer la main de Philippe Hervé, l’entraîneur adverse, et j’ai entendu tout le monde crier. J’ai couru pour être totalement honnête, j’ai réagi après. C’était une explosion de joie mêlée à un moment suspendu. On avait du mal à réaliser que c’était fait. Il a fallu un petit moment pour digérer l’information.
Cette montée coïncide avec l’arrivée d’une nouvelle salle. Tout semblait aligné pour Quimper, non ?
Oui, c’est un alignement parfait. On a la chance d’avoir une municipalité investie qui nous a fait une nouvelle salle qui sera prête dès le début de saison prochaine. C’est un plaisir et une chance immense pour le club, pour la ville, pour nos dirigeants. C’était vraiment le scénario parfait. Et en plus, cela arrive l’année des 40 ans du club. Le timing est idéal. Et gagner avant les playoffs, c’est aussi du temps de gagné pour bien préparer la saison de Pro B.
Dans le genre scénario rocambolesque, vous avez vécu quelque de fou aussi avec Loon Plage. Peut-on faire un parallèle avec celle-ci malgré des situations très différentes ?
Pas vraiment. À Loon Plage, on était les outsiders, le petit poucet de la division. Une équipe en pleine montée de puissance. Là, à Quimper, on était les favoris. Une équipe attendue, scrutée, visée. Il y avait plus de pression ici. À Loon Plage, on jouait sans trop de pression, portés par une confiance grandissante. À Quimper, il fallait gérer l’émotion, le statut, les attentes. Ce sont deux histoires très différentes, mais humainement, les deux groupes étaient incroyables.
Quels ont été les facteurs clés de votre réussite cette saison ?
On avait un effectif de grande qualité, avec une profondeur de banc qui est rare à ce niveau. Dans un championnat aussi dense et exigeant, le fait d’avoir des rotations et de ne pas avoir de joueurs à 30 minutes de temps de jeu, on a pu gérer la fatigue, les blessures, et conserver de la fraîcheur. Et puis, on a un staff médical très compétent, des préparateurs physiques au top, un club très structuré. Tout cela a joué un rôle majeur.
Si vous deviez résumer cette saison en un mot ?
Bonheur. Parce que c’est l’aboutissement d’un déménagement de mon Nord natal. J’ai déménagé avec ma femme et mes filles pour venir ici. On a tout misé sur ce projet avec Quimper. Cette réussite, c’est la validation de ce choix. C’est la preuve que c’était la bonne décision. C’est aussi une belle manière de montrer à ma femme et à mes filles que tout ce travail avait du sens.
La saison n’est pas encore terminée. Il reste un titre à aller chercher. Comment abordez-vous ce dernier défi ?
Ce n’est pas facile, je ne vais pas mentir. On sent bien qu’il y a une motivation générale qui est retombée, c’est normal après avoir atteint l’objectif principal. Mais on reste des compétiteurs. Quand le match commence, il y a toujours ce déclic. Et puis, c’est aussi une opportunité pour valoriser notre centre de formation. On a des jeunes très prometteurs, certains sont déjà prêts pour la Nationale Masculine 1. J’en ai intégré quelques-uns au dernier match. Le but, c’est aussi de leur donner de la visibilité et pourquoi pas leur ouvrir des portes pour la suite.