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Interview - Ligue Féminine 2

Xavier Noguera : « L’une des plus belles aventures humaines que j'ai vécu en tant qu'entraineur à Toulouse »

Par Thomas Puentes|Aujourd'hui
Itw   Xavier Noguera
© Juliette Servant / FFBB
Elles ont chuté en 2024, puis se sont relevées de la meilleure des manières en 2025. Avec détermination, humilité et un esprit d’équipe exemplaire, les Pionnières du Toulouse Métropole Basket ont retrouvé l’élite. Entraîneur emblématique du club toulousain, Xavier Noguera raconte de l’intérieur cette saison pas comme les autres, conclue par un titre de championne de France de Ligue Féminine 2 et une montée au sein de La Boulangère Wonderligue. Une aventure aussi sportive qu’humaine.

Après deux saisons de bataille pour retrouver l’élite, le Toulouse Métropole Basket a atteint son objectif et retrouvera l’élite du basket féminin français la saison prochaine. Quel est votre sentiment aujourd’hui ?

C’est avant tout le sentiment du devoir accompli, l’objectif de tout un club de remonter en première division. C’est une immense fierté d’avoir atteint les objectifs fixés par le club, et surtout de l’avoir fait avec ce groupe formidable. On a vécu une saison très spéciale, intense, et cette réussite est une belle récompense.

Si vous deviez retracer globalement la saison, quelles ont été les grandes étapes, les phases marquantes ?

Dès l’intersaison, notre volonté a été de reconstruire un groupe plus équilibré, basé sur l’état d’esprit et l’engagement de chacune. On a vraiment mis l’accent sur le collectif, sur le rôle de chaque joueuse et la compréhension de notre projet.

La préparation a été un peu en dents de scie, avec peu de victoires, ce qui n’a pas aidé à emmagasiner de la confiance. Mais c’était un groupe très jeune, en apprentissage. Le déclic, c’est ce premier match de championnat face à Saint-Amand. Une victoire qu’on a réussi arracher qui nous a permis de lancer une dynamique. Ensuite, malgré un accroc à Montbrison, on a trouvé notre rythme de croisière, ce qu’il fallait faire et les travers dans lesquels on ne voulait pas tomber. On termine la saison régulière avec seulement quatre défaites, preuve de notre solidité.

Le club a aussi ajusté son effectif en cours de saison, notamment d’un très gros CV avec l’arrivée de Kaleena Mosqueda-Lewis. Pourquoi ce choix ?

C’était un choix assumé du club, du staff et des dirigeants de ne pas avoir un effectif complet dès le début de la saison pour observer comment les filles digéraient le contenu et la charge de travail. En janvier, on a ressenti le besoin de renforcer le poste 3/4 car on n'était pas doublé sur certains postes notamment en cas de pépins physiques. En concertation avec le groupe, notre choix s’est posé sur Kaleena Mosqueda-Lewis qui cochait toutes les cases, autant sur le profil de jeu que sur l’état d’esprit. Elle connaissait déjà la France, on se connaissait déjà aussi et elle s’est très vite intégrée. Ce renfort nous a clairement aidés à aller au bout.

Les playoffs en Ligue Féminine 2, c’est une tout autre compétition. Comment les avez-vous abordés ?

C’était une tout autre saison qui commence, on savait que les compteurs étaient remis à zéro. On les a préparés comme une continuité de la saison régulière. Pas de pression excessive, pas de bouleversement. On voulait que nos jeunes joueuses, pour certaines peu expérimentées à ce niveau, abordent chaque match avec sérénité.

On a insisté pour ne rien changer : continuer à faire ce qu’on maîtrisait, et le faire encore mieux. Pas de nouveautés tactiques majeures, juste de la rigueur et de la confiance. C’est ce qui a fait notre force.

Il y a tout de même eu un moment difficile lors du quart de finale retour à Nice, non ?

Oui, Nice a compté jusqu’à 19 points d’avance dans le troisième quart-temps. Mais on savait que Nice était une équipe difficile à manœuvrer, surtout chez elle. Ce soir-là, on a vu la résilience de notre groupe, qui ne s’est jamais affolé. Ce sang-froid, cette capacité à puiser dans ses ressources, c’est ce qui nous a portés tout au long des playoffs.

En finale, vous affrontez Montbrison, dans une série très serrée. Quel bilan faites-vous ?

Montbrison, c’est une équipe très agressive, accrocheuse, avec de jeunes joueuses difficiles à manœuvrer. Sur les deux matchs, on a eu des opportunités pour “tuer” la rencontre plus tôt, mais on s’est fait peur sur les fins de rencontre en laissant revenir l’adversaire. La sortie de Manon Cissé pour cinq fautes nous a fait beaucoup de mal sur le deuxième match, tout comme la blessure d’Émilie Prugnières dès le premier match. Ce sont des coups durs. Mais malgré tout, on a su faire front et aller gagner à Montbrison, cela n’a pas été facile.

Qu’avez-vous ressenti au moment du buzzer final ?

Une joie immense. C’est, je crois, l’une des plus belles aventures humaines que j’ai vécues en tant qu’entraîneur à Toulouse. J’ai dit aux filles que ce groupe resterait gravé. Ce titre, on le savoure encore (rires). Il récompense tout un club, tous ces gens qui œuvrent dans l’ombre, les bénévoles, les supporters, les dirigeants. C’est un moyen de leur redonner tout ce qu’ils nous ont apporté tout au long de la saison. C’est une victoire collective dans tous les sens du terme.

Est-ce que ce titre a une saveur particulière par rapport à celui de 2022 ?

Oui, parce qu’il arrive après une descente. Revenir en finale l’année suivante (2024), puis remonter l’année d’après (2025), ça montre la force du club et sa capacité à rebondir. La vraie saveur maintenant, c’est celle de la reconstruction, mais aussi de la stabilité. L’objectif, c’est de s’installer durablement au sein de La Boulangère Wonderligue. L’envie était d’y retourner, mais la motivation est d’y rester. C’est cela qui nous anime.

Ce qui fait aussi que le titre a une saveur différente, c’est qu’on a vécu une soirée magnifique. Les deux camps ont fêté ensemble, dans un respect et une ambiance sportive exceptionnels. C’est rare, mais c’était très beau. Ce titre est aussi particulier pour cela : il s’est conclu sur un vrai moment de partage.

Par rapport à l’an dernier où vous vous étiez incliné face à Chartres en trois matchs, qu’est-ce qui a fait la différence ?

C’est simple : l’esprit d’équipe. Contre Chartres l’an passé, on a perdu en jouant de manière trop individuelle. Cette saison, tout le monde a accepté son rôle. Il n’y avait pas de joueuse qui cherchait à tirer la couverture à elle. Chacune savait qu’à un moment, elle pouvait être décisive. Cette alchimie collective, c’est ce qui a fait la différence.

Un mot sur Binta Dramé, élue MVP de la saison et aussi des finales ?

Binta (Dramé), elle a compris ce qu’on attendait d’elle. Elle savait qu’on montait un projet autour d’elle et de ses qualités de scoring et de leadership. Elle a su saisir sa chance cette année. Elle avait déjà fait une grosse saison l’an dernier, avant de s’écrouler sur les playoffs mais elle a gagné en maturité. Elle a compris son rôle, elle a porté le projet avec nous. Et elle a aussi été bien entourée, ce qui l’a aidée dans les moments clés. Elle a tout pour réussir au niveau supérieur la saison prochaine.

Si vous deviez résumer cette saison en un mot ?

Difficile à chaud... Mais je dirais : travail. Et peut-être même travail d’équipe, car c’est vraiment ce qui ressort entre le staff, les joueuses, les dirigeants. Une équipe très bien construite humainement.

Comment prépare-t-on désormais le retour dans l’élite ? Quels sont les objectifs ?

D’abord, il faut faire le bilan de la saison, discuter avec les dirigeants sur les moyens, le budget, l’organisation, puis entamer la construction de l’équipe. On ne va pas se presser mais l’objectif sera clair : un maintien confortable, sans trembler sur les dernières journées de La Boulangère Wonderligue. On va chercher à faire des choix cohérents pour aborder cette nouvelle saison avec ambition et sérénité.