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Dans la famille Dufeal, on connaissait le petit frère, Lucas (2,04 m, 21 ans), passé par le centre de formation de Cholet Basket et révélation de la Pro B depuis deux ans, à Vichy. Le frère ainé, en revanche, était passé sous les radars. Ludovic a suivi un cursus aux États-Unis. Une année de Prep School suivie de cinq années dans la petite université de Gardner-Webb en Caroline du Nord. Son rôle ? Un joueur de l’ombre, tourné vers la défense (6 points, 5 rebonds, 1,5 contre dans sa dernière année). Les recruteurs ne se sont pas bousculés à l’été 2023. "J’ai fait des tests un peu partout avec des équipes de N1 et aucune équipe ne me voulait", dit-il. "Finalement, j’ai été contacté par Azzedine Labouize, le coach d’Andrézieux en N3, qui était assistant en équipe de France U20 où était mon frère. C’était ma seule option. J’ai décidé de sacrifier une année en arrivant dans un double projet N1-N3."
Ludovic est arrivé par la petite porte. Très vite, on lui a indiqué le chemin de la Nationale 1. "En arrivant, j’étais un peu perdu. Il m’a fallu un temps d’adaptation, quatre ou cinq mois, pour vraiment me sentir à l’aise. Jaraun Burrows a été un peu mon mentor." Il faut croire que le Bahaméen a été de bon conseil. Après la trêve de février, Ludovic a pris la mesure de la division : 15 d’évaluation moyenne sur la deuxième phase. Le club a redéfini son rôle pour la saison 2024-25 : "Le projet était intéressant. Ils allaient ramener des jeunes. On allait pouvoir courir. Théo Bouteille, Hugo Cucherat et moi allions avoir les rênes de l’équipe. On a saisi notre chance." De fait, le numéro 10 s’éclate dans le basket du SCABB Lab, mélange d’insouciance, d’énergie, de défense et de jeu rapide. Il noircit toutes les colonnes (10,3 points, 6,7 rebonds, 3,4 passes, 1,8 interception, 1,2 contre) et passe rarement au travers (17 matchs à plus de 15 d’évaluation). Une stat saute aux yeux, son 50 % de réussite à longue distance : 33 sur 66, n°1 du championnat ! Pas mal pour un joueur qui s’aventurait très rarement derrière l’arc à l’université. "Aux Etats-Unis, ce n’était pas mon rôle mais je savais que j’avais cette capacité. J’ai toujours été un bon shooteur étant jeune. Le jeu français m’a permis d’être plus libéré. Le coach m’encourage à prendre des tirs même si je rate. Il me donne toute sa confiance."
Un poste 4 de 25 ans athlétique, à la fois contreur et shooteur, doté d’une envergure démoniaque (2,18 m), quatrième meilleure évaluation du championnat dans une équipe de haut de tableau. En toute logique, ce profil ne devrait pas s’éterniser à cet étage. "C’est un clairement mon objectif d’aller jouer en Pro B l’année prochaine ou dans deux ans. Ce serait bien de rejoindre mon petit frère et qu’on puisse jouer l’un contre l’autre ou l’un avec l’autre." Oui, mais il y a un hic, car le "petit" frère en question réalise lui aussi un exercice tonitruant. Deuxième meilleur français de Pro B à l’éval’, il pourrait lui aussi monter d’un étage. La belle histoire de la fratrie Dufeal ne fait que commencer.