Interview - Basketball Magazine
Mulhouse
"Je suis né à Mulhouse. J’avais huit ans quand mon père m’a fait découvrir le MBC avec Jean-Aimé Toupane, Ron Curry, Curtis Kitchen. On a fait la route pour aller voir un match de Coupe Korac en Italie. Mon père était entraîneur des jeunes dans le club de mon village. Je n’avais pas tellement de choix (rires) ! J’ai été champion d’Alsace en cadets région avec Pfastatt. Pendant mes études, j’ai été champion de France universitaire avec le STAPS de Strasbourg et j’ai joué en N3 avec l’Électricité Strasbourg. J’ai joué au basket jusqu’à il y a deux ans avec une équipe d’anciens, à l’Élec. Je suis toujours resté attaché à ma ville. Professionnellement, c’était difficile d’envisager travailler à Mulhouse parce qu’il y a eu une grande période de vaches maigres au niveau basket, avec deux relégations pour des raisons financières."
Double casquette
"J’ai commencé à entraîner les minimes France de l’Élec. Des joueurs comme Yannick Bokolo ou Jason Bach ont été formés dans ce club. L’année d’après, j’ai pris les cadets France de la SIG et, mon diplôme en poche, j’ai commencé à faire de la prépa physique au centre de formation. Éric Girard m’a vu faire des trucs modernes pour l’époque, de la prépa physique intégrée au basket. C’est comme cela que j’ai rejoint le staff des pros l’année où ils ont disputé l’Euroleague (2005-06). Plus tard, quand Fred Sarre est arrivé, il ne souhaitait pas avoir un préparateur physique à temps plein. J’ai alors pris en main les espoirs du club, pendant deux ans. Il y avait Axel Toupane, Dominique Gentil. Avec Fred Sarre, on n’était pas aligné sur la vision de la prépa physique. Par contre, j’ai beaucoup appris de lui sur le plan technico-tactique."
La Roumanie
"En 2010, je pars en Roumanie. Radu Voina, une légende du handball en Roumanie, avait entraîné l’ASL Robertsau, en périphérie de Strasbourg. Après avoir bossé avec Martin Buchheit, il voulait ramener en Roumanie la connaissance de la prépa physique à la française. Après huit années à la SIG, c’était un contrat que ne pouvais pas refuser. J’y suis aussi allé pour m’occuper de l’équipe nationale de Roumanie qui préparait le championnat du monde. J’ai fait une transmission de savoir. Ça a été top et j’ai rempilé pour une deuxième année."
Ostéopathe
"En 2012, ma priorité est de revenir dans le basket mais je n’ai pas beaucoup de touches alors je décide d’aller chercher de la connaissance. J’ai fait quatre ans d’école d’ostéo. J’en ai profité pour une écrire un livre sur la prépa physique et monter l’Union des préparateurs physiques professionnels. J’ai ouvert mon cabinet d’ostéopathie à Bayonne. J’ai bien eu ma plaque. La deuxième semaine d’exercice, j’ai arrêté. Je ne pouvais pas rester dans le cabinet à attendre de la patientèle, ce n’est pas mon profil. Il fallait que je retourne sur le terrain. C’est à ce moment-là que j’ai signé avec l’Équipe de France de basket."
L’Équipe de France
"Cela a été un beau chapitre de sept ans. J’ai commencé à faire des voyages aux États-Unis pour créer des connexions avec les staffs NBA et les rassurer. Cela a été très apprécié par les franchises NBA. Manu Lacroix a ensuite continué dans cet esprit-là. C’était très riche en termes de connaissance. Par exemple, à San Antonio, j’ai été en stage d’observation avec Tom Thibodeau, qui n’avait pas d’équipe à ce moment-là. En Équipe de France, j’ai pu voir la transformation physique d’un Rudy Gobert. Au début, il avait du mal à soulever des barres au développé-couché. J’ai vu l’évolution au fil des années. J’ai été très surpris par l’éthique de travail de Tony Parker, toujours à l’heure pour effectuer ses routines avant les entraînements malgré son agenda perso très rempli. Son exemple m’a servi ensuite auprès de jeunes joueurs. Quand on leur dit que Tony Parker faisait du rab, ça leur parle."
Limoges
"Olivier Bourgain croyait réellement en la double compétence prépa physique et basket. La première année, j’étais deuxième assistant avec un rôle limité. La deuxième année, j’ai repris en main le centre de formation au départ de Mehdy Mary et j’ai entraîné les espoirs. J’ai aussi formé des stagiaires à la prépa physique. Ces trois années à Limoges m’ont extrêmement plu. À Limoges, les gens aiment que les joueurs se dépassent. C’est quelque chose que j’adore. Ça colle avec mon ADN. Je suis un col bleu. Je crois dans le travail plus que dans le talent."
Retour à la SIG
"Quand je reviens à la SIG (2020-22), je passe totalement assistant mais avec un regard sur la prépa physique des pros. On a créé une cellule performance. On a été les premiers à mettre des capteurs sur les joueurs pour analyser leur état de forme et adapter leur charge d’entraînement. J’ai beaucoup appris aux côtés de Lassi Tuovi et de Luca Banchi. Après cela, je me suis senti prêt à aller sur mon propre projet. Ma philosophie était en place."
Head coach à l’USK Prague
"J’ai eu l’opportunité d’aller coacher dans cette grande académie du basket tchèque, un peu comme l’est Mega en Serbie. L’idée dans ce club est de mettre en lumière les jeunes joueurs tchèques. J’avais plus de vingt joueurs à disposition. Je n’ai choisi que mes joueurs étrangers. Le vrai challenge, c’est que certains peuvent quitter le club en cours de saison – mon meilleur joueur est parti à Burgos. On a eu de bons résultats, on a été finalistes de la Coupe. J’ai aimé ce travail de post-formation."
Entraîneur de Mulhouse
"Le MBA s’est positionné très tôt sur le marché quand Lauriane Dolt a annoncé qu’elle partait. J’ai pris contact et le projet du président, Bertrand Taczanowski, m’a plu. L’envie de faire revenir les gens au Palais des Sports, de créer une atmosphère. C’était peut-être le moment où jamais de revenir dans ma ville de naissance. J’ai eu les mains libres pour le recrutement. Créer une équipe de A à Z, staff compris, c’était un super challenge. J’ai mis l’humain en critère numéro un. Quand on est exigeant, on a besoin d’avoir des gens qui font preuve d’autocritique, qui ont du respect, de l’ambition, une étincelle dans les yeux. J’ai fait venir deux joueurs de Prague, qui ont beaucoup de potentiel. On a la quatrième plus jeune moyenne d’âge du championnat. C’est très rafraîchissant."
8-4 pour débuter
"On a redoublé d’efforts en pré-saison parce qu’on n’a eu que six semaines de préparation. Le public s’identifie à cette équipe. Il faut cultiver cet état d’esprit, ne pas le perdre. La première ambition est d’arriver en poule haute pour assurer le maintien. Ensuite, on a un objectif en termes de connexion avec notre public. Pour cela, il faut leur donner des choses. On n’a pas de plafond de verre. On ne se met aucune limite."
Crédit : Jean-Laurent Soltner / Mulhouse Basket Agglomération