Basket 3x3

Paco Demazeau : « Jouer un Masters du World Tour, c’est une énorme récompense »

Par Tom Thuillier|Aujourd'hui
Odf 3x3 2025 Poules Bordeaux Team Sud
Nouveau membre du collectif Bordelais, Paco Demazeau (26 ans, 1,95m) s’apprête à disputer le premier Masters de sa carrière à Macao les 18 et 19 octobre. À l’approche de ce rendez-vous, le joueur revient sur son parcours, l’évolution du 3x3 en France et ses ambitions avec le collectif bordelais.

Tu étais engagé au sein du collectif de « Poitiers Drags » depuis 2019, pourquoi avoir fait le choix de rejoindre Bordeaux ?

J’avais pour projet de faire du 3x3 à temps plein. Avec les Drags de Poitiers, mon équipe précédente, on a atteint une limite : nous n’avions pas le statut d’équipe pro parce que les autres joueurs étaient trop engagés dans le 5x5. De mon côté, j’étais prêt à passer ce cap. Dans le même temps, il y avait ce projet d’équipe professionnelle à Bordeaux. Ça tombait bien, car j’étais déjà joueur de 5x5 à Bordeaux, où je jouais avec Eddy Steiner (le co-créateur du collectif Bordeaux Ballistik) au JSA Bordeaux Métropole Basket. Du coup, ça s’est fait naturellement : on se connaissait déjà comme coéquipiers dans le 5x5, et ça m’a permis ensuite de les rejoindre à temps plein sur le 3x3.

Tu vas vivre ta toute première expérience sur un Masters du World Tour. C’est quelque chose d’important pour toi ?

Je suis super content. C’est une énorme récompense… Je ne sais pas si on peut parler de sacrifices, mais ça fait quand même trois ou quatre étés que je me consacre à fond au 3x3. J’ai vraiment envie de progresser là-dedans, quitte à mettre les vacances de côté ou le temps de récupération de côté. Le fait de pouvoir disputer un Masters du World Tour, le plus prestigieux des tournois internationaux, c’est forcément une très belle récompense à titre individuel. Je suis d’autant plus content de vivre ce moment avec les gars de Bordeaux, parce qu’ils m’ont super bien intégré dans le projet. Humainement, on s’entend tous super bien.

Comment se passe votre saison jusque-là avec Bordeaux ?

Pas mal de rebondissements, on va dire. Globalement, la saison se passe bien pour une première année, puisque c’est vraiment la première année officielle de Bordeaux avec autant de tournois sur le plan international. Il y a eu l’intégration de nouveaux joueurs, notamment Petar (Sucur), notre joueur serbe, mon intégration aussi, et celle d’Alex (Vialaret), qui était avec « 3x3 Paris » avant. C’est une année ultra enrichissante parce que, comme toute première année, tu découvres beaucoup de choses, notamment en termes d’organisation, sur les entraînements, sur les manières de se déplacer, de gérer les temps de récupération pendant les tournois…

C’est difficile de se structurer en tant que collectif 3x3 en France ?

Oui, c’est assez difficile. Le 3x3, pour l’instant, reste encore dans l’ombre du 5x5, et c’est pour ça aussi que beaucoup de joueurs y restent attachés. Financièrement, c’est compliqué d’avoir un contrat qui te permette de faire du 3x3 à temps plein, là où dans le 5x5 c’est plus évident. Je pense qu’il y a de plus en plus de collectifs qui sont sur la bonne voie et veulent se structurer vers le très haut niveau international, parce que ça plaît beaucoup. D’ailleurs, pas mal d’équipes du circuit national « Superleague 3x3 FFBB » commencent à parler de ça, de vouloir faire du 3x3 à temps plein. C’est une question de temps et de moyens, parce que, forcément, pour se structurer, il faut de l’argent et des gens prêts à s’investir à temps plein.

Le 3x3 a beaucoup évolué depuis tes débuts ?

Clairement, oui. L’évolution est dingue ! Moi, j’ai commencé à Poitiers, qui est un peu une terre de 3x3, et depuis que j’ai commencé, c’est fou comme ça s’est développé et démocratisé. Ce qui est flagrant, c’est le niveau global du 3x3 français. Le circuit national « Superleague 3x3 FFBB » est un bon indicateur : on voit que le niveau des équipes est de plus en plus homogène. Il y a de plus en plus d’équipes compétitives, et c’est top. La structuration a aussi évolué : l’organisation des tournois, l’encadrement, les prize money… Les Challengers arrivent en France, il y a de plus en plus de tournois de niveau Lite Quest (3ᵉ niveau international) qui permettent de se qualifier pour des étapes à l’étranger. Il y a eu un énorme développement sur ces dix dernières années, et j’espère que dans dix ans, nous aurons encore passé un autre cap.

Tu t’imaginais, en tant que joueur, disputer des tournois à Macao, en Espagne, un peu partout dans le monde ?

J’avoue que c’est un peu difficile à réaliser, parfois. Si tu m’avais demandé ça trois ans en arrière, je ne l’aurais pas imaginé. Je suis ultra reconnaissant, j’adore ce que je vis, et j’espère que ça va durer encore longtemps.

Aujourd’hui vous parvenez à vous rémunérer en tant que joueur professionnel de 3x3 ?

Ça dépend vraiment des équipes, mais avec Bordeaux, oui, on arrive à dégager un salaire. On parvient à être rémunérés pour faire uniquement ça. En plus, quand tu fais des étapes du circuit international comme des Challengers ou des Masters, les prize money sont assez conséquents, ce qui permet d’augmenter nos revenus et de vraiment vivre du 3x3.

Comment tu situerais Bordeaux sur la scène internationale et française ?

Sur la scène internationale, on est dans le Top 25 des meilleures équipes mondiales. Notre objectif cette saison, c’est d’y rester. La saison n’est pas encore finie, donc on ne peut pas être sûrs à 100 %, mais c’est bien parti. À moyen terme, on veut grimper au classement afin de viser le Top 15 ou le Top 10. On pense également aux Jeux Olympiques. Tous les tournois qu’on joue et tous les points qu’on accumule servent à maintenir la France parmi les meilleures nations mondiales au classement FIBA. Ce serait génial que l’Équipe de France puisse se qualifier grâce aux points des meilleurs joueurs français, sans avoir à passer par un tournoi de qualification. Ça crée un intérêt collectif : toutes les meilleures équipes françaises ont intérêt à performer pour que la France se qualifie directement.

L’Équipe de France, c’est dans un coin de ta tête ?

Oui, forcément. Maintenant que je me suis spécialisé dans le 3x3, j’y pense. Il n’y a pas beaucoup de joueurs qui sont à 100 % dans le 3x3, donc j’ai envie de me donner les moyens. Je sais qu’il y a pas mal de joueurs talentueux et référencés qui sont encore devant moi, mais je vais travailler très fort, et j’espère qu’un jour, j’arriverai à gagner ma place.

Tu joues avec des gars expérimentés comme Alex Vialaret, Eddy Steiner ou Emmanuel Monceau. Qu’est-ce qu’ils t’apportent au quotidien ?

Franchement, c’est génial. Alex Vialaret est peut-être le joueur qui m’a le plus marqué depuis mon arrivée. Avec son expérience en Équipe de France et ses deux années professionnelles avec « 3x3 Paris », il a un bagage énorme et une vraie connaissance du jeu. Et puis le projet « Bordeaux Ballistik », il l’a dans le cœur. Il est ultra investi et il nous guide constamment pour qu’on performe au plus haut niveau. Eddy aussi, c’est un compétiteur, il se donne à 100 %, il a vraiment envie de voir la structure progresser, donc il est à fond. L’intégration de Manu (Monceau) apporte beaucoup aussi : c’est un joueur talentueux qui apprend vite et est devenu un élément important du collectif. C’est génial de jouer avec des mecs comme ça.

Quel est l’objectif pour ce Masters à Macao ?

Pour le moment, on ne sait pas encore si on sera en « Q-Draw » ou en « Main Draw », donc on ne sait pas si on va devoir jouer le tournoi qualificatif ou si on sera directement dans le tournoi principal. Mais dans tous les cas, l’objectif, c’est de se qualifier pour le deuxième jour, donc de passer les phases de poules. Après, on sait que sur un Jour 2, tout est possible. Les matchs à élimination, c’est un par un, et vraiment tout peut arriver.

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Toutes les rencontres seront à suivre en direct sur YouTube.com/FIBA3x3