Equipes de France jeunes

Plongeon dans l’inconnu

Par Julien Guérineau|Aujourd'hui
Eurobasket U20m 2024 1 2f Fra Gre Roman Domon
© FIBA
Après deux été dorés, l’Équipe de France U20 aborde l’Euro avec un groupe assez inexpérimenté et venu d’horizons divers.

Sur le papier, la génération 2005 du basket français est effrayante. Alexandre Sarr (Wizards), Tidjane Salaün (Hornets), Pacome Dadiet (Knicks) et Zaccharie Risacher (Hawks) sortent de leur saison rookie NBA tandis que Noah Penda (Le Mans) et Mohamed Diawara (Cholet) ont été draftés au deuxième tour il y a quelques jours. Mais aucun de ces six joueurs ne sera présents à Heraklion pour un Euro U20 que les Bleuets ont remporté en 2023 et 2024. "Une lourde succession ? C’est plus une motivation", estime Mickaël Hay. L’entraîneur de l’Élan Béarnais, en Pro B, était de l’aventure il y a deux ans comme assistant de Guillaume Vizade et reprend aujourd’hui le flambeau dans une catégorie particulière où les éléments les plus en vue sont systématiquement absents des débats. "Le papier ce n’est pas le terrain", sourit-il. "Évidemment que dans cette catégorie d’âge il y a des absents. Moi je ne suis pas du tout dans le virtuel, je me concentre sur les présents et je pense qu’il y a matière à bien jouer au basket. J’aborde cet été avec beaucoup d’excitation, beaucoup d’envie. La Fédération a un objectif de résultats et ce sont des moments forts où tu représentes ton pays."

Une dernière opportunité, pour beaucoup, de porter le maillot d’une équipe nationale, mais également une première pour plusieurs joueurs qui n’ont pas une cette chance dans les catégories U16 ou U18. Les U20 2025 viennent ainsi d’horizons très différents et Mickaël Hay et ses assistants n’ont pas hésité à brasser très large pour construire leur pré-sélection, de la Betclic Elite à la Nationale 1 en passant par la Pro B, la NCAA et les espoirs. Une variété de championnats qui pose forcément question à l’heure de construire un collectif. "En très peu de temps il faudra faire une équipe, c’est un challenge", admet un coach a utilisé la préparation pour réellement évaluer les prétendants. "Certains, je ne prétends pas les connaître parfaitement. C’était une découverte, humaine notamment. Au téléphone les joueurs me demandaient s’ils seraient dans l’équipe finale. Mais je n’en savais rien !"

De nombreux questionnements entourent le potentiel d’une équipe où figurent seulement deux rescapés de la campagne victorieuse de l’été dernier. Membre important de la rotation à cette occasion et pleinement responsabilisé dans l’élite avec Gravelines (6,1 pts en 17’), Roman Domon sera attendu comme un élément moteur. A l’inverse Théo Pierre-Justin, l’autre champion d’Europe, n’a quasiment pas joué en NCAA. L’immense ailier Amaël L'Etang a de son côté pu s’exprimer avec Dayton. Leur capacité à avoir un impact pour leur retour dans l’Hexagone dictera en partie le potentiel du groupe. Plusieurs joueurs ont, en revanche, tenu des rôles majeurs, mais dans un championnat espoirs assez éloigné des réalités du niveau européen en U20. "Le niveau international nécessite de monter d’un cran, notamment dans l’intensité physique. Mais certains joueurs peuvent répondre à ça", juge Mickaël Hay alors qu’Illan Pietrus a quitté cet environnement pour s’exprimer dans l’élite à Strasbourg (2,9 pts en 10’).

D’autres prospects ont choisi la Pro B pour grandir. Les habitués des sélections de jeunes que sont Killian Malwaya et François Wibaut évoluaient une quinzaine de minutes par match dans l’antichambre. Ils pourraient servir de guides pour un ensemble où la moitié des sélectionnés n’a jamais connu une campagne internationale. "Globalement, ceux qui ont un rôle en professionnel seront attendus comme des leaders. Mais il y a toujours de bonnes surprises donc je ne veux pas me mettre de barrières. Dans une compétition où l’on joue tous les jours les joueurs du banc ont un rôle important. Il faudra de la complémentarité. Pas que des athlètes, pas que des joueurs qui jouent au large. Outre notre ADN naturel dans l’agressivité offensive et défensive on cherchera de la polyvalence et la capacité à partager le ballon." Un équilibre à construire avec l’idée que les noms ne suffisent pas à faire un résultat.