Les phases finales des compétitions internationales font tout pour perpétuer le cliché qu’une nouvelle compétition commence. Les statuts et les bilans n’ont guère plus de valeurs et les premiers huitièmes de finale ont eu l’art de pianoter sur la gamme des sentiments qui vont du grand sourire aux larmes : la joie des Lituaniens et des Finlandais, les larmes des hôtes lettons et des grands favoris serbes, qui terminent leur EuroBasket avec une semaine d’avance sur leurs plans initiaux.
Le tremblement de terre qu’a constitué l’élimination de la Serbie a considérablement changé le paysage du tableau final et celui de l’Équipe de France en particulier. Mais avant de penser à demain, les Bleus devaient concentrer toute leur attention sur leur huitième de finale contre une Géorgie désireuse de perpétuer la tradition des surprises. Et dès les premiers instants, les trop optimistes eurent vite enregistré que la rencontre n’aurait rien d’une formalité, Tornike Shengelia se chargeant de frapper le premier. A presque 34 ans la recrue du FC Barcelone a déjà vécu ses plus belles années, mais il reste une pointure de l’EuroLeague, une idole au pays et un poste 4 difficile à contenir. Avec le naturalisé Kamar Baldwin, il combinait pour 18 points lors d’un premier quart-temps où les Géorgiens compteront jusqu’à 7 points d’avance (9-16). Un débours comblé par l’activité de Guerschon Yabusele puis de Jaylen Hoard mais aussitôt concédé à nouveau (26-33) au réveil du coéquipier de Victor Wembanyama aux Spurs, Alexander Mamukelashvili.
Les Bleus ne parvenaient jamais à reprendre le contrôle malgré leur nette montée en puissance sur le plan défensif, qui leur permettait de voler des ballons et de développer du jeu rapide. Mais sur demi-terrain, ils étaient de nouveau trahis par leur adresse à trois-points. 3e attaque (92,2 pts) mais 17e à l’adresse de loin de l’EuroBasket (31,2%), la France signait un vilain de 2/12 dans l’exercice au premier acte. Une disette qui s’ajoutait à quelques erreurs de communication défensives. La recette pour avoir la bouche sèche et les mains moites à mesure que les minutes filaient. Les Géorgiens, de leur côté, continuaient de dérouler leur plan de jeu, servant un Shengelia jusqu’à l’écœurement poste bas. Elie Okobo et Zaccharie Risacher en échec, l’attaque tricolore devenait muette malgré les incitations de Frédéric Fauthoux à attaquer le cercle. Un 0-10 au cœur du troisième quart-temps accentuait la pression sur les vice-champions olympiques qui tentaient de bousculer les choses en alignant Théo Maledon et Sylvain Francisco ensemble sur le parquet.
Insuffisants pour respirer plus tranquillement. Avec trois joueurs véritablement dangereux en attaque la Géorgie parvenait à contrôler le rythme, patientant chirurgicalement pour trouver (et réussir) des shoots parfois difficiles. L’inquiétude se transformait même en panique à l’approche du money-time après un nouvel exploit de Baldwin (54-63). Les géants rouges du Caucase verrouillaient la raquette et misaient, fort justement, sur le vain bombardement des Bleus au-delà de la ligne primée.
Quand, enfin, le ballon finissait par transpercer le filet pour Elie Okobo, les Bleus parvenaient à retrouver du rythme et de l'espoir (68-68). Espoirs enterrés par un monumental Shengelia et un contre décisif de Goga Bitadze. Contrairement à 2022, les lancers-francs ne sauvaient pas la France, éliminée dès les huitièmes de finale. Une terrible déception pour un jeune groupe qui avait affiché de fantastiques promesses.