Interview - Ligue Féminine 2
L'année dernière, tu as fait une première saison en Ligue Féminine 2 timide pour tes débuts dans la division. Cette saison, tu as fait le choix de rejoindre Saint-Amand. Pourquoi ce choix ? Qu'est-ce qui t'a attirée dans ce projet ?
Déjà, je ne me voyais pas retourner en NF1. Ensuite, sincèrement, le projet de Saint-Amand m'intéressait. Quand ils m'ont contactée, ils étaient encore en première division donc c'était un double projet. Pour moi, c'était une belle opportunité après ma saison en Ligue 2 qui avait été timide, comme vous l’avez souligné, car je voulais prouver ce que je pouvais apporter.
Donc soit je rejoignais la première division, ce qui était super mais ce n’était pas forcément mérité au vu de ma dernière saison ou soit rester en Ligue 2 et faire mes preuves. Dans tous les cas, je savais que j’aurais ma chance quelque part, et Saint-Amand représentait le projet le plus intéressant.
Si on revient sur votre parcours, après être sortie du centre de formation de Bourges où vous avez largement côtoyé le groupe professionnel, vous avez rejoint Limoges en Nationale Féminine 1, puis le Champagne Basket Féminin. L'année dernière, vous avez donc découvert la Ligue Féminine 2 avec Reims. Qu'est-ce qui a été le plus dur pour vous dans cette adaptation à cette nouvelle division ?
Le plus dur, ça a été l’aspect mental. Il y a bien sûr une différence de niveau, avec des joueuses plus expérimentées, une meilleure lecture du jeu, des joueuses qui naviguent entre la première et la deuxième division, et des étrangères souvent plus fortes. Mais pour moi, c’était surtout mentalement le plus compliqué, d’avoir l’opportunité de montrer ce dont j’étais capable.
Comment tu décrirais le jeu de Ligue Féminine 2 ?
Pour moi, la Nationale Féminine 1 et la Ligue Féminine 2 se ressemblent parfois mais la différence se fait sur le physique. En NF1, c’est très physique, agressif, avec beaucoup de fautes. En LF2, il y a cette agressivité, mais elle est plus contrôlée, plus tactique. En première division, c’est encore un cran au-dessus : physique, mais avec du contrôle et un jeu plus propre. Ce qui ressort en Ligue 2, c’est vraiment l’intensité et l’agressivité.
Comment vous décririez votre jeu et comment avez-vous réussi à vous adapter à ce nouveau niveau ?
Je suis une joueuse athlétique, très impliquée en défense, dans la création et dans la percussion en attaque. Après mon adaptation s’est faite en regardant le jeu pour être capable de s’adapter le rythme, qui est différent. Il faut savoir quand accélérer, quand temporiser. Cela passe aussi par le fait de jouer, de se confronter au niveau mais aussi par l’analyse vidéo.
Cette saison, vous avez clairement franchi un cap en termes statistiques (5,5 points et 2,7 passes en 17 minutes de moyenne avec Reims contre 11,3 points et 4,6 passes en 30 minutes avec Saint-Amand) et au niveau des responsabilités. Comment vous l’expliquez ? Y-a-t-il une pression sur le fait d’avoir autant de responsabilités à votre âge ?
Il y a forcément de la pression, mais dans le sport de haut niveau, elle est constante car on se doit de performer. Mais je ne pense pas qu’elle ait d’emprise sur moi. J’ai des responsabilités, mais je les voulais. La saison dernière, je ne les avais pas, alors cette année, j’en profite. Je ne cherche pas plus loin. Je sais que j’ai progressé, cela se voit, mais je ne suis pas satisfaite. Il y a encore du chemin à parcourir.
Sur cette trajectoire personnelle, quels sont vos objectifs à plus long terme ?
Forcément, atteindre le niveau supérieur, ne pas rester en Ligue Féminine 2 et évoluer en première division.
Après une saison très compliquée, loin des attentes qu’on pouvait avoir pour le retour du club dans la division, vous allez batailler jusqu’au bout pour éviter le barrage et aller chercher une place en playoffs alors que rien n’est joué sur cette dernière partie de saison. C’est quoi votre regard sur cette saison pour le moment ?
Ce qui nous a manqué, c’est de la justesse et parfois de la discipline je pense. Mais pour l’instant, j’essaie de ne pas trop penser à la saison dans sa globalité et à ce qui s’est passé. On est dans une situation compliquée, donc l’important, c’est de se focaliser sur ce qui nous attend. On ne peut pas rester focaliser sur du négatif. Quand tout sera terminé, je prendrai du recul, mais pour l’instant, il faut avancer. Pour le moment, je pense qu’on est toutes dans l’esprit de faire comme si il ne s’était rien passé, mais si on sait que la saison est comme elle est, pour continuer à travailler et aller chercher une place en playoffs ou éviter les barrages.
Le programme qui arrive s’annonce d’autant plus chargé avec trois matchs à domicile et un à l’extérieur. Quels seront les clés pour faire basculer cela en votre faveur ?
Jouer à domicile, c’est forcément un avantage mais on aura besoin du soutien de notre public. Après notre avantage, c’est que l’on sait qu’on n’a plus grand-chose à perdre entre guillemets. On est en bas du classement, donc on doit transformer cette situation en force et utiliser cette rage alors que certains seront peut-être trop inscrits dans une espèce de sérénité. La finalité sera d’avoir encore plus faim que les autres.
Vous insistez beaucoup sur l’aspect mental. Quelle importance accordez-vous à cette dimension dans votre vie de sportive ?
Pour moi, le mental est primordial, il prime presque au-dessus de tout. Il y aura toujours quelqu’un de plus rapide, plus adroit, plus fort physiquement, mais la différence se fait dans la tête. Il faut être capable de durer, de performer match après match, et de gérer la pression. Une saison compliquée comme celle-ci pourrait nous faire craquer, mais il faut tenir bon. On sait qu’on a du talent, on l’a prouvé en battant de grosses équipes. Maintenant, c’est dans la tête que ça se joue.