Vous remportez le Trophée Alain Gilles au terme d’une saison marquée par un immense bonheur en Euroligue avec Prague et une immense déception avec les Bleues à l’EuroBasket. Avez-vous le sentiment d’avoir vécu une année belle et inachevée à la fois ?
Un peu des deux. Quand je gagne l’Euroligue ma première pensée c’est que je vais gagner l’EuroBasket. Quand on n’y arrive pas, on reste sur un échec. Donc la saison est réussie parce que j’ai accompli un objectif après lequel je courais depuis un bon moment. Mais il y a toujours cette quête d’un titre avec l’Équipe de France qui reste incomplète. Donc le sentiment est partagé.
La conclusion de l’EuroBasket reste-elle une souffrance quelques mois plus tard ?
J’avais dit que si j’étais championne d’Europe avec les Bleues après l’Euroligue, je n’aurais pas arrêté mais j’aurais été totalement en roue libre ! Totalement. Ce n’est pas le cas donc je suis encore focus. Et je cours toujours après ma médaille d’or. J’ai envie d’aller chercher un titre avec l’Équipe de France.
Avec du recul, pensiez-vous avoir plus de chance de gagner une des ces deux compétitions plutôt que l’autre ?
En début de saison j’ai plus en tête d’aller chercher l’EuroBasket. Clairement. Et encore une semaine avant le Final 6 c’est mon état d’esprit. Donc quand je gagne l’Euroligue je me dis que c’est l’année pour le faire. Et en fait non… toujours pas.
Êtes-vous encore plus satisfaite d’avoir remporté la plus prestigieuse des compétitions européennes avec Prague, un club avec lequel vous avez évolué cinq saisons ?
Carrément ! J’en parlais avec ma famille il y a quelques semaines. Il n’y a pas une seule autre équipe avec qui j’aurais aimé le faire. Déjà par rapport à mon histoire avec ce club. Et ensuite quelle saveur d’y parvenir avec des filles avec qui tu joues depuis 3-4-5 ans, avec qui tu as galéré ! Nous n’étions pas construites pour ça alors que d’autres annonçaient haut et fort vouloir gagner le titre. Cela a plus de signification avec Prague.
Vous êtes la quatrième femme à remporter le Trophée Alain Gilles après Céline Dumerc, Laëtitia Guapo et Gabby Williams. Face à l’exposition supérieure dont bénéficie les masculins, mesurez-vous à quel point il est difficile pour une féminine de s’imposer ?
Le nom pèse beaucoup dans ce Trophée. Les féminines vont exister à travers leurs résultats sportifs. Les masculins ont leur nom pour eux. Il faut qu’on se batte face à ça. Et la saison NBA a une telle ampleur médiatique... On fera sans doute plus attention à un joueur NBA dans une équipe random que moi qui gagne l’Euroligue. Mais plusieurs filles ont gagné ce qui montre que les gens qui votent sont sensibles au basket pur. Nos statistiques seront toujours moins spectaculaires et je suis d’autant plus heureuse de gagner ce trophée. Ceux qui ont choisi sont capables de mesurer l’impact dans une équipe, l’impact dans un succès.
L’élection 2024 était la plus serrée de l’histoire. L’élection 2025 a été la plus indécise du fait des résultats décevants des Équipes de France…
C’est ce qui est le plus regardé. C’est normal que ces performances soient valorisées. Et pour cette raison je n’avais aucune idée de qui allait gagner : on a tous été nuls en Équipe de France. Gabby Williams avait gagné parce qu’elle a dominé sur les Jeux Olympiques et l’image qu’elle a laissée. Notre quatrième place à l’EuroBasket remet les choses en perspective. Gagner des médailles ce n’est pas simple. Ce n’est pas garanti. Il faut faire le travail parce qu’on ne va pas nous les donner ces médailles. Et un titre encore plus.