Basketball Magazine
3 200 spectateurs. C’était l’affluence moyenne à Orchies en 2024-25. Une affluence largement au-dessus du lot en Nationale 1, qui aurait situé le club nordiste dans le Top 7 en Élite 2. L’objectif est de faire gonfler ce chiffre à 3 500 cette saison. Le BCO a un public en or, une salle que lui envieraient quelques clubs de l’élite. Sur le terrain, l’équipe emmenée par Yannick Blanc réalise un excellent début de championnat (8-1). Tous les feux sont au vert. Le travail réalisé en coulisses ces dernières années porte ses fruits. L’objectif de rallier le niveau supérieur d’ici 2027 n’est pas illusoire.
Le BCO a connu la montée en Pro B en 2013. À cette époque, le club surfe sur une excellente dynamique. Trois accessions en six ans. La spacieuse Pévèle Arena (5 000 places) vient de sortir de terre – théâtre des phases finales de l’Euro féminin en 2012. L’aventure en Pro B va durer trois ans et laisser une ardoise à combler. Depuis, le club nordiste navigue dans le ventre mou de la NM1. "Quand je suis arrivé avec Serge Stempniak (vice-président) en juillet 2023, la situation financière était complexe", témoigne le président Cédric Ferreira, "la structure passait systématiquement en commission d’appel de la DNCCG. On a assaini totalement la situation grâce à l’apport d’un mécène et on a mis le focus sur l’apport du privé dans notre modèle économique."
Premier axe de travail, l’amélioration des prestations du salon VIP, afin de bichonner les partenaires et en attirer de nouveaux. Une réussite puisque le club "a franchi la barre des 100 partenaires privés contre une cinquantaine, il y a deux ans", et vu ses recettes privées grimper. Le deuxième focus a été porté sur le grand public. Le club a noué un partenariat avec l’ensemble des clubs associatifs de son territoire. L’opération a rapporté plus de 200 spectateurs par match et permis de dépasser la barre des 3 000. L’engouement est impressionnant, ramené à la population d’Orchies, 8 000 habitants. "On a la chance d’avoir une situation géographique exceptionnelle, à 20 minutes de Lille, 20 minutes de Valenciennes, 20 minutes de Douai et même de la Belgique. On est le club référent de haut niveau sur le territoire", pointe Cédric Ferreira, qui a misé sur une politique de prix pour le moins attractive, à partir de deux euros. "On a aussi amélioré l’expérience spectateur, avec des animations, un speaker professionnel." Résultat, les recettes billetterie-buvette-restauration ont progressé de près de 100 000 €.
Ses bases économiques consolidées, le BCO s’est aussi attelé à progresser sur le parquet. À l’été 2024, Philippe Maucourant repart d’une feuille blanche. Il construit une colonne vertébrale sur plusieurs saisons. Deux noms se détachent. Yannick Blanc à l’arrière, et Joe Burton à l’intérieur. Le premier finit troisième meilleur marqueur de Nationale 1. Le second, de retour à Orchies, décroche un deuxième trophée de MVP, après quelques cartons exceptionnels (29 points, 22 rebonds et 56 d’éval contre Besançon !). Dans le sillage des leaders, des joueurs s’affirment, comme Thomas Hanquiez ou Igor Mitongo. Cependant, l’équipe d’Orchies se plante au plus mauvais moment de la saison et rate le train des playoffs. Une immense frustration collective.
Pour ne plus revivre pareille mésaventure, l’équipe a été renforcée à l’intersaison. Lucas Veraghe (ex-Angers), Abdoulaye Sy (Avignon) et Axel Dossou (Vitré) sont venus apporter de la profondeur à un groupe reconduit à 70 %. L’ambition est claire, rallier les playoffs : "On doit faire partie des meilleures équipes de la division", martèle Philippe Maucourant. "Il faut monter en puissance et que le sportif tire le club aussi. Cela fait partie de l’évolution sportive nécessaire du club."
Philippe Maucourant occupe la double fonction de manager général et entraîneur. Il œuvre au développement du BCO : "On a mis en place ce que je pensais nécessaire à l’amélioration des conditions de travail." Dernièrement, une salle de musculation de 180 m² et un espace de récupération ont été créés dans l’enceinte de la Pévèle Carembault Arena. L’accompagnement médical et paramédical ont été renforcés. Les conditions de déplacements sont plus qualitatives. En somme, les joueurs sont mis dans les meilleures dispositions pour performer. Tous ces efforts paient sur le terrain en ce début de saison, malgré l’absence de Joe Burton, blessé au tendon d’Achille et absent jusqu’à janvier a minima. Le vétéran sénégalais Hamady Ndiaye (2,13 m, 35 ans, ex-Pau, Nanterre) était attendu pour renforcer la raquette orchésienne en attendant le retour du double MVP.
Les dirigeants ont bien conscience du chemin qui sépare encore le BCO d’une éventuelle montée – Orchies ne fait pas partie des favoris cités spontanément comme Le Havre, Tours ou Fos-sur-Mer. Hors terrain, le club doit poursuivre son travail de structuration et développer son budget (1,3 M€) s’il veut répondre aux standards à l’étage supérieur (3,4 M€ de budget médian). "Je ne veux pas arriver en Élite 2 pour faire l’ascenseur", dit Cédric Ferreira. "Une montée, cela se prépare. Il faut s’inspirer de ce qui se passe ailleurs, à Saint-Quentin, au Portel et même à Denain, qui se pérennise en Élite 2." La Pévèle Carembault Arena "une infrastructure que plein de clubs pourrait nous envier", est un bel atout. Avec la possibilité de créer des événements hors basket et développer des revenus annexes.
Alors que le club va fêter ses 100 ans, à quoi rassemblerait une saison réussie pour le président du BCO ? "Ce serait d’avoir accompli tous les objectifs financiers, sportifs et en fréquentation et d’avoir donné du plaisir au public. On sait qu’il y a des étapes à franchir avant d’arriver en Élite 2. Le coach accorde énormément d’importance à l’humilité. On sait d’où on vient. On sait où on veut aller. Entre les deux, il y a beaucoup de boulot !"