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Interview - Basketball Magazine

Sacha Giffa : « Nous avons une identité francilienne »

Par Jérémy Barbier|Il y a 3 jours
Itw Sacha Giffa
© Olivier Poulain / CEP Lorient Breizh Basket
L’union était inévitable. Plus de 25 ans après les exploits des Cardiac Kids sur les parquets, Sacha Giffa est désormais le patron du banc de Levallois, confirmé dans ses fonctions après un intérim convaincant la saison dernière. Fervent défenseur de la formation levalloisienne, celui qui fut assistant de Freddy Fauthoux puis de Vincent Collet entend propulser les joueurs franciliens sur le devant de la scène.

Après de nombreuses années en tant qu’assistant aux Mets, vous avez pour la première fois débuté une saison dans le rôle de head coach. L’attente valait-elle la peine ?

Totalement ! Le plus compliqué a été la gestion des blessures pendant la présaison. Nos deux pivots étaient touchés, nous avons bricolé à l’entraînement. Je voulais mettre les joueurs dans la difficulté, nous avons été servis. Ceci étant, je considère qu’il est intéressant de devoir s’adapter aux situations compliquées. Ca révèle des traits de caractère. On ne sait jamais, nous pourrions être confrontés à des situations similaires au cours de la saison.

La NM1, est-ce la division où vous envisagiez de lancer cette nouvelle étape de votre carrière ?

Je ne voulais pas griller les étapes. Je suis en NM1 pour mettre en place ma philosophie de jeu et prouver ma valeur. Je suis un coach rookie, même si j’ai plus de 20 ans de basket derrière moi. Je suis prêt. La NM1 me permettra de perfectionner ma façon de manager. J’ai des collègues qui ont rencontré de grosses difficultés en débutant directement dans l’élite. Et souvent, c’était davantage lié au management qu’à la stratégie ou à la technique.

Après tant d’années sur les parquets puis sur le banc à Levallois, ce poste a forcément une saveur particulière …

Je veux rendre au club tout ce qu’il m’a donné. Surtout, via la formation, je souhaite mettre en avant une identité parisienne. Quand tu vas à Pau, à Strasbourg ou à l’ASVEL, tout le monde parle d’identité locale. Il ne faut pas oublier que Levallois est un club formateur : les Cardiac Kids évidemment, mais aussi plus récemment Bilal Coulibaly, Vincent Poirier, Andrew Albicy, Louis Labeyrie, Giovan Oniangue, Landing Sané, etc. Nous avons une identité francilienne, je voulais que l’on puisse la retrouver dans ma construction d’équipe.

Et comment se manifeste-t-elle aujourd’hui ?

Avec des joueurs formés en Île-de-France qui ont un basket plutôt agressif en défense et de grosses qualités athlétiques. Maxence Dadiet est passé par Nanterre, Kevin Thalien est un gamin du 92, Craig Adzeh vient de Créteil, Jordan Aboudou de Paris, Solly Stansbury est Levalloisien, Alex Tchikou jouait déjà ici avant de partir faire ses classes aux USA, Ladji Meite est un enfant d’Evry formé chez les cadets de Levallois. Et les plus jeunes viennent des proches banlieues. Tous ces gars ont la même culture, ils parlent la même langue. On a fait la même chose avec le staff technique : Colin Tejedor (assistant coach), Steeve Essart (2e assistant), Thierry Zig (préparateur), Mous Sonko (general manager), nous avons tous été formés ici. Nous prenons soin de notre héritage.

Vous avez assisté Freddy Fauthoux, Jurij Zdovc puis Vincent Collet à Levallois. Qu’avez-vous retiré de ces expériences, a priori assez différentes ?

Le souci du détail, la rigueur et l’intensité, même à l’entraînement. Jurij a cette approche exigeante propre à l’ex-Yougoslavie. Vincent est extrêmement précis dans ses préparations. Freddy optimise les qualités de chaque joueur. J’ai énormément appris des trois mais je n’oublie pas ceux pour qui j’ai joué : Ron Stewart, Philippe Hervé, Eric Girard, Fred Sarre…

Vous imaginiez un futur d’entraîneur lorsque vous étiez joueur ?

Non, c’est arrivé tardivement. Je n’étais certainement pas le joueur le plus doué mais j’aimais bien comprendre ce que je faisais sur le terrain. J’aimais aussi prendre les plus jeunes sous mon aile pour prodiguer la bonne parole, notamment sur les choses à faire ou à ne pas faire en dehors du terrain. J’ai commis pas mal d’erreurs dans mon quotidien de sportif, je suis apte à aider désormais. Il n’existe pas de cours pour devenir un bon professionnel, tu dois apprendre sur le tas.

C’est quoi, le style de coaching de Sacha Giffa ?

Je ne vais pas dire que c’est du beau basket. Je veux que les joueurs progressent tout au long de la saison et que notre identité soit défensive. Je suis issu de cette philosophie depuis mon parcours avec les Cardiac Kids. Nous n’étions peut-être pas les plus talentueux mais nous mettions du cœur dans ce que nous faisions. Ça nous a permis d’exister. Ce sera ça, le style Sacha Giffa.

Quels joueurs de votre équipe pourraient se révéler cette saison ?

Jayson Tchicamboud. Il a été irrégulier jusqu’à présent, il faut que cette saison soit celle de l’éclosion. Il va beaucoup apprendre aux côtés de Kevin Thalien. Craig Adzeh a le potentiel pour le haut niveau. Très fort athlétiquement, il a été cantonné à un rôle d’ailier stoppeur. On veut qu’il soit un 4 qui drive et termine au cercle, au-dessus de tout le monde. Il peut être notre facteur X. Concernant nos plus jeunes joueurs, ils sont dans un double projet avec la N3 pour se développer. Avec le basket à haute intensité que je compte proposer, personne ne jouera 30 minutes, il y aura donc du temps de jeu à prendre.

Un mot sur Solly Stansbury et Kevin Thalien, les deux leaders du groupe…

Solly, c’est l’âme du club. Il poursuit l’héritage de son père qui a été joueur et entraîneur ici. Il n’y a aucun système pour lui mais il défend, arrache des rebonds, prend ses tirs. Il est parfait dans son rôle de stabilisateur. Kevin, c’est le QI basket. Il calme le jeu et voit les situations avant tout le monde. Il a rejoint le projet dès 2022, il est ici chez lui.

Jayson Tchicamboud, Kane Milling, Nevane Kessely ou Solly Stansbury, plusieurs de vos joueurs sont des fils d’anciens basketteurs, dont certains ont même été vos coéquipiers. Ce n’est pas une coïncidence ?

Ce que j’aime, c’est que ce sont des garçons qui ont été bercés dans le basket toute leur vie. Il y a de l’affect mais au final, je serai plus dur avec eux qu’avec les autres. Ils sont dans cette équipe pour leurs qualités et parce que j’ai envie de les aider à développer leur jeu. Ils connaissent ma philosophie et savent que je ne vais pas tricher.

Quel objectif vous êtes-vous fixé cette saison ?

Faire mieux que l’année dernière ! J’aimerais disputer les playoffs. De façon plus générale, je vais faire en sorte que le basket local soit valorisé. Il y a toujours eu un très bon travail de formation à Levallois, je veux continuer à développer des joueurs.

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