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Jeux-Olympiques 2024

Amel Dahra : "C’est juste incroyable"

Crédit photo : Hervé Bellenger/IS/FFBB
Propos recueillis par Gustave Pitet - 11/03/2024
La jeune arbitre française s’apprête à rejoindre le cercle très restreint des arbitres olympiques après sa désignation préliminaire pour les Jeux de Paris 2024. Yohan ROSSO figure également sur la liste pour officier les deuxièmes de sa carrière.

Félicitations pour votre sélection aux Jeux-Olympiques de Paris 2024. Comment avez-vous appris la nouvelle ?
J’ai reçu un mail de la FFBB qui m’a transmis le listing de la FIBA. Quand j’ai reçu la nouvelle, j’ai reçu plein de messages avant-même de recevoir la convocation officielle et c’est quand j’ai vu tous ces messages que je me suis douté qu’il se passait quelque-chose puisque j’ai pu consulter mon téléphone qu’à la fin de mon service, j’avais la main dans la pâte jusqu’en début d’après-midi.

Arbitre olympique et travailleuse en boulangerie, comment allie-t-on les deux ?
On s’organise, c’est une vie qui est très millimétrée, ça demande une grande organisation et j’ai la chance de pouvoir allier les deux puisque je travaille en famille. Je travaillais déjà en famille avant mais j’ai dû changer de métier puisque je devais me rendre plus disponible pour officier au niveau international.

Existe-t-il des critères particuliers concernant la sélection des arbitres pour les Jeux Olympiques ?
J’imagine qu’on est jugé avant tout sur la compétence. Au-delà de ça il y a aussi des aspects de représentativité mondiale, entre les FIBA de chaque continent. On reste observé sur toutes nos compétitions, on a la chance aujourd’hui d’avoir un outil informatique qui nous permet d’avoir une meilleure visibilité, et cela contribue à affiner la sélection au cours d’une saison.

Comment s’est passé le processus de sélection ?
C’est le travail de plusieurs années, de régularité qui m’ont permis d’atteindre le très haut-niveau. J’ai eu la chance d’accéder à d’autres compétitions au préalable avec notamment mon premier championnat du monde U17 féminin à Debrecen, puis les U19 en championnat du monde féminin à Madrid, entre temps j’ai pu officier sur des qualifications de championnat du monde et EuroBasket féminins. Dernièrement j’étais au Tournoi de Qualification Olympique en Belgique. C’est un processus qui s’est fait crescendo sur les sélections des différentes compétitions.

Vous êtes sur la liste préliminaire, quelle est la suite de la préparation pour figurer dans la liste définitive ?
Je suis sur une pré-sélection de 40 arbitres, puis à l’issue de deux tournois qui auront lieu entre juin et juillet, 30 arbitres seront retenus. Il n’y a pas de certitude sur ma sélection olympique. Les deux prochains tests seront un tournoi de qualification olympique et un championnat d’Europe U17.

Le fait d’être une arbitre française pour des Jeux Olympiques à domicile, ça doit être quelque chose de spécial ?
Le fait d’être sur une liste potentielle pour aller sur des Jeux-Olympiques c’est juste incroyable. Si on m’avait dit que je serais là où je suis quand j’ai démarré l’arbitrage, j’aurais rigolé ou même pas écouté tellement ça me semblait inaccessible. Ensuite, au fur et à mesure des formations que j’ai suivies et par la concrétisation de certains objectifs, ce qui était de l’inaccessible s’est transformé en rêve et aujourd’hui ce rêve s’est transformé en objectif. Que ce soit en France ça a tout de même une saveur particulière puisqu’il y a la fierté de pouvoir représenter son pays à domicile, mais pour l’instant je ne peux qu’imaginer quelle sensation ce serait en attendant de rejoindre la sélection définitive.

Être sélectionné pour les Jeux-Olympiques, c’est l’aboutissement pour un arbitre ?
Les Jeux-Olympiques restent LA compétition, si l’on demandait à n’importe quel arbitre la compétition qu’il souhaiterait officier, la réponse serait unanime pour les Jeux-Olympiques.

Le tournoi de qualification olympique à Anvers en février était un bon avant-goût pour Paris 2024 ?
C’était génial. J’avais la chance d’être dans un groupe d’arbitres que je connais donc il y avait déjà des affinités avant la compétition. Sur ce type de compétition on a un travail préparatoire avec un certain nombre de visioconférences en amont où l’on travaille avec les collègues pour qu’avant même d’arriver sur le tournoi nous ayons une connaissance du groupe. Nous n’arrivons pas en terre inconnue puisque nous connaissons les équipes, nous faisons du scouting et c’est cet énorme travail préparatoire qui nous permet d’être opérationnel sur la compétition, d’arriver sans pression outre celle de vouloir bien faire. Nous avons vraiment des outils à disposition qui nous permettent d’arriver dans des conditions optimales à ces compétitions de très haut-niveau.

Comment votre entourage a-t-il réagi à votre nomination ?
Mon entourage très proche j’ai voulu leur dire immédiatement puisque je ne voulais pas qu’ils l’apprennent avant par les réseaux sociaux, j’avais envie de leur annoncer de vive voix. Ils m’ont dit qu’ils étaient très fiers, qu’ils n’étaient pas surpris et qu’ils continuaient de me soutenir quel qu’en soit l’issue. Avoir la fierté de mon entourage proche, c’est important et ça n’a pas de prix, si je n’avais pas eu ce soutien-là, je n’aurais pas pu percer là-dedans c’est une certitude. J’ai démarré l’activité et plus l’activité était prenante plus ils ont accepté de me libérer du temps, ils ont aussi accepté de me voir partir vers d’autres projets pour me lancer dans l’arbitrage à 3000% et en faire ma priorité. Aujourd’hui malheureusement, c’est une activité pour laquelle nous sommes indemnisés mais nous n’avons pas de statut professionnel et il faut savoir bien trouver l’équilibre au niveau professionnel pour être capable de bien rebondir si les choses ne se passent pas comme prévu puisque nous n’avons pas de garantie derrière.

Avec deux arbitres français sur ces Jeux Olympiques, peut-on dire que la France est une nation qui compte dans le monde de l’arbitrage ?
C’est certain ! Nous avons la chance d’avoir Yohan Rosso dans nos rangs, qui aujourd’hui est l’exemplarité dans l’arbitrage au niveau européen voire mondial puisqu’il a déjà fait de grandes compétitions où il a su montrer ce qu’était l’excellence de ce que pouvait être un arbitre français sur de très grandes compétitions. Lorsque j’ai démarré le cursus pour pouvoir accéder à l’international, je me rappelle bien de ce qu’il m’avait dit lors de son intervention dans un clinic : « le plus difficile ce n’est pas d’arriver au haut-niveau, c’est d’y rester ». Maintenant que j’ai les pieds dedans, je comprends à quel point ses paroles sont vraies et je le vis en ce moment. On peut faire un très bon match une fois, le plus difficile reste de répéter ces performances avec un niveau d’exigence toujours plus haut pour perdurer dans le temps. Nous avons la chance en France d’avoir une formation de qualité qui nous permet de pouvoir être très bien armé pour performer lors des compétitions internationales. Nous avons également la chance d’avoir un championnat autant masculin que féminin de très haut-niveau, nous sommes plutôt admirés je pense sur la façon de fonctionner en France.

Liste des arbitres français aux Jeux-Olympiques :

  • Roger CREUX (1936)
  • Edmond BIGOT (1948)
  • André Taris (1948)
  • Elie ARCHIMAUT (1948)
  • André SIENER (1948/1952)
  • Robert BLANCHARD (Finale 1956)
  • René BLACHOUIN (1976)
  • Yves MAININI (1980/1984/1988)
  • Philippe MAILHABIAU (1992)
  • Pascal DORIZON (1996/2000)
  • Bruno GASPERIN (2000)
  • Chantal JULIEN (Finale F 2004/Finale F 2008)
  • Carole DELAUNÉ-DAVID (2012)
  • Eddie VIATOR (Finale F 2016)
  • Yohan ROSSO (2021)