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Si près du but

21/07/2007
La France a frôlé l'exploit lors de la demi-finale du Mondial des 19 ans et moins face aux Etats-Unis. En tête pendant quasiment toute la rencontre elle aura encaissé un terrible 10-2 lors des quatre dernières minutes (75-78). Il faudra faire preuve d'une grande force mentale pour aller chercher la médaille de bronze face au Brésil.

C'est sans doute le meilleur match du tournoi qu'ont livré les Etats-Unis et la France lors de la demi-finale du Mondial. Un combat de titans entre deux formations venues en Serbie chercher une médaille d'or.

D'entrée de jeu, les Français affichent leur volonté de servir Nicolas Batum. Le Manceau distribue le jeu et trouve à plusieurs reprises Adrien Moerman, auteur de six des huit premiers points tricolores dont un alley-oop stratosphérique. Le Roannais survole le début de rencontre grâce à son activité et sons sens du placement. La défense est bien en place et provoque plusieurs pertes de balles. Les deux meilleures attaques du tournoi ont placé les débats sur un terrain beaucoup plus rugueux, comme on pouvait s'y attendre lors d'une demi-finale d'un Championnat du Monde. La physionomie du quart-temps n'est d'ailleurs pas sans rappeler le match de poule qui avait opposé les deux équipes. Mercredi soir la France menait 19-13 après dix minutes, elle mène cette fois 19-12 avec un Batum qui a su pousser ses vis-à-vis à la faute pour ouvrir son compteur après avoir joué pour ses coéquipiers.

Mais contrairement au premier acte où les Américains avaient rapidement comblé leur retard, ils peinent cette fois à raccrocher les wagons. La faute à la qualité des rotations défensives des Bleuets qui les forcent à prendre des tirs difficiles, sans réussite. En attaque, la patience est de mise même si le résultat n'est pas très convaincant sur la défense de zone commandée par Jerry Wainwright. Une belle circulation de balle permet finalement de trouver des ouvertures. Antoine Diot puis Edwin Jackson trouvent la mire au-delà des 6,25 m (36-25, 18e). Dommage alors que Batum soit sanctionné d'une faute technique et que quelques rebonds offensifs soient échappés. Mais globalement la défense a parfaitement tenu le choc laissant les US à 31,4% aux tirs, bien loin de leurs standards habituels (52,5%).

La pause n'a pas d'effet négatif sur l'enthousiasme de Moerman qui ne se prive pas pour attaquer Michael Beasley. Top 5 de la prochaine draft ou pas, le champion de France n'en a cure et provoque un joueur nanti de trois fautes. Ses paniers sont les bienvenues car les possibilités de jeu rapide se font rares et seuls les post-ups de Batum permettent à la France de scorer. La pression défensive des boys se fait plus dure, des balles sont volées dans les mains et la cavalerie se met en branle. Beasley sort de sa torpeur (48-47, 26e) pour ramener les siens. Une quatrième faute sévère le renvoie heureusement sur le banc. Ludovic Vaty, très courageux malgré une grosse béquille face à l'Espagne qui a mis sa participation à la rencontre en doute, met fin à la bonne série américaine et Nicolas Batum prend les choses en main pour maintenir l'écart à l'approche du money-time (59-53).

L'exploit est tout proche. Très précieux en défense, Alexis Ajinca joue les contrôleurs aériens et sur une percée de Diot conclue par un 2+1, l'avantage dépasse les dix points (67-56, 33e). Un tableau presque idyllique mais qui va vite s'assombrir. Ajinca prend sa quatrième faute, Batum doit sortir quelques secondes suite à une mauvaise chute. 6-0 des Etats-Unis et on tremble... +6, cinq minutes à jouer. La France a vite atteint son quota de cinq fautes et les arrières adverses en profitent pour multiplier les pénétrations. A deux minutes de la fin, l'omniprésent Deon Thompson, produit de North Carolina, arrache un nouveau rebond offensif. Les Américains sont en tête pour la première fois depuis la deuxième minute ! Richard Billant avait annoncé la nécessité de jouer le match parfait pour s'imposer. Il l'aura été pendant 38 minutes. Mais sur les dernières possessions la Team USA fait preuve de plus d'efficacité tandis que les Bleuets semblent totalement épuisés physiquement. Antoine Diot prend à plusieurs reprises ses responsabilités à trois-points... Sans succès... Le rêve est passé (75-78).

Richard Billant
"C'est terriblement décevant de perdre une dem-finale que l'on domine pendant les trois-quarts du match. On savait que l'on allait souffrir en deuxième mi-temps. Je crois surtout que nous étions fatigués. Sur la fin nous ne sommes plus consistants en défense. On manque de lucidité pendant que eux tentent des choses très difficiles qu'ils ont réussies. Et pourtant on a tout essayé défensivement. Maintenant il nous reste une opportunité extraordinaire d'aller chercher une médaille de bronze. Alors même si ça sera difficile, il va falloir reconcentrer tout le monde. On verra l'équipe qui aura le plus de ressources mentales. En tout cas le contexte sera radicalement différent de la phase de poule."

Nicolas Batum, 18 points, 4 rebonds, 3 passes
"On lâche le match sur trois minutes. Tout le monde tirait la langue sur la fin et il n'y a plus de rotations défensives, plus de rebonds. C'est un échec pour nous de ne pas être en finale mais ce serait encore plus décevant de ne rentrer sans rien. Nous n'avons pas le droit de perdre. Après tout ce temps passé ensemble, on ne peut pas repartir sur une quatrième place. On ne peut pas."

Serbie bat Brésil 89-74
Les Serbes ont de nouveau réalisé une démonstration de force lors de la première mi-temps (49-28) avec une recette éprouvée d'intensité défensive et de patience collective. Mais dans le sillage du monumental Paulao (31 pts, 15 rbds), les Brésiliens ont comme à leur habitude continué de se battre, forçant le coach Nikolic a refaire appel à la grande révélation du tournoi, le shooteur Mladen Jeremic (21 pts, 3 rbds, 6 pds), remarquable d'adresse et de sang-froid. Les Serbes sont donc en finale de "leur" Mondial après avoir remporté leurs cinq derniers matches sur un écart moyen de 19,0 points.

Par Julien Guérineau, service de presse FFBB, sur place à Novi Sad (Serbie)