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Que sont-ils devenus ?

« J’ai toujours eu un plan de carrière »

28/07/2023
Toujours licenciée, marraine et supportrice dans son club de cœur, le Stade Français, Paoline Ekambi, aujourd’hui devenue cheffe d’entreprise, ne manque pas non plus de garder un regard bienveillant sur les nouvelles pousses du basket français.

Comment s’est passé votre arrêt carrière ?
Super j’étais contente ! (rires) Non, en fait je l’avais préparé. Quand j’ai intégré l’INSEP en 1976, je faisais partie de la toute première promotion sport étude, appelée horizon 80. Déjà à cette époque tout était fait pour que nous puissions concilier le sport et les études jusqu’au baccalauréat. Nous avons été sensibilisés très tôt, par nos entraîneurs, sur l’après-carrière. La préparer et l’anticiper étaient important pour nous d’autant qu’à l’époque nous incarnions la génération semi-pro. Nous étions sensibilisés sur le fait qu’une carrière pouvait être interrompue prématurément à la suite d’une blessure, et que nous ne touchions pas assez d’argent pour devenir rentières. J’ai toujours voulu concilier sport et études ou formations, c’est d’ailleurs pour ça que j’ai choisi de partir en NCAA. Cela me permettait de faire les deux, de renforcer mon anglais aussi et de connaitre une autre culture. De m’enrichir finalement à travers le sport. J’ai toujours eu un plan de carrière et d’après-carrière. J’ai toujours mené de front les deux, même dans mes contrats avec les clubs je demandais à ce que l’on finance mes formations. Donc quand est arrivé ma fin de carrière j’étais prête à passer à autre chose. Aujourd’hui, je suis présidente co-fondatrice de Sportail Community, une workplace unique en France.

 Au départ le basket n’est pas un passion pour vous…
Au départ le basket c’était pour fuir un drame familial, que j’ai récemment raconté (le 2 février 2021 dans L’Equipe), je me suis donc forcément beaucoup raccroché au sport. Je voulais tout, sauf retourner chez mes parents. Le sport ce n’était donc pas forcément au départ une passion, ça l’est devenu mais c’était pour moi surtout une opportunité d’échapper à l’enfer. Je me suis accrochée, je me suis donné les moyens, j’ai été soutenu par mes entraineurs. J’ai compris que pour m’en sortir il fallait que je m’accroche et que je travaille dur. Je n’avais pas encore conscience que j’avais du talent. Pour moi le sport ça a sauvé ma vie, ça a été une opportunité de faire la femme que je suis devenue aujourd’hui.

… Et vous vous êtes prise au jeu ?
Je me suis laissé prendre par le Flow, l’adrénaline. J’ai ensuite été piquée au jeu, motivée par les challenges et gagner des titres. Je rêvais de remporter des titres avec l’Equipe de France. Je ne supportais pas qu’on nous dise l’important c’est de participer chaque fois que l’on perdait. Je trouvais cette phrase insupportable. Même s’il y avait des équipes dominantes comme l’URSS, j’acceptais pas que mentalement on me diminue. Pour moi ce n’était pas motivant, se dire on peut le faire et à force on finira par le faire. En plus en juniors, j’avais goûté aux premières médailles européennes (Argent en 1981). Après on a été bercées à la culture de la performance et de l’excellence. Et toute ma vie ça été la course aux titres. Je voulais terminer sur le podium et c’est ce que j’ai fait en 1993, je l’avais dit aux filles, je devais partir par la grande porte comme je suis rentrée par la grande porte. C’était important, je remercie les filles de m’avoir offert cette fin, d’avoir contribué à gagner cette médaille. Même si Paul Besson m’a demandé de continuer, il était temps pour moi d’arrêter. J’étais fatigué, je devais laisser la main à la jeune génération.

 Vous avez longtemps été détentrice du record de sélections en Equipe de France (1993-2017) avant de transmettre le flambeau à Céline Dumerc qu’avez-vous ressenti ?
Je vous avoue que ça m’agaçait que tout le temps lorsque l’on me présentait comme la recordwoman de sélections, j’avais l’impression que j’avais fait que ça. Je suis dans un sport collectif, on a travaillé, œuvré, fait bouger les choses… et pourtant même les titres n’étaient jamais évoqués. La médaille d’argent juniors on me disait même que ça ne comptait pas ! J’étais choqué, parce que ça compte de savoir que derrière nos ainés y’avait une génération talentueuse. Ensuite on n'a rien lâché jusqu’en 1993 et la médaille d’argent que l’on a pu laisser en héritage à nos jeunes. Réduite tout le temps à ce record, j’étais donc ravie que Céline s’empare de ce record. Maintenant, on devra me présenter autrement (rires). Après c’est une preuve de longévité mais c’est tout. Ça m’a toujours agacé que l’on me réduise qu’à ça et en plus je n’ai même pas vu le temps passer (rires).

Quel regard portez-vous sur les générations de joueuses qui vous ont succédées ?
Depuis la génération, Fijalkowski, Souvré…, qui a fait la transition avec nous, de voir les résultats qu’elles ont obtenu juste après, ce n’est que du bonheur. J’avais dit à Isabelle (Fijalkowski), qui était l’une de mes protégées à l’époque, on vous laisse cette médaille (argent à l’Euro 1993), faites-la fructifier. C’est tout ce que je souhaitais, et elles l’ont largement fait. Cette génération en particulier et celles qui ont suivis n’en parlons pas… Bien sûr je les suis toutes. Que ce soit en championnat ou en Equipe de France c’est formidable, un réel plaisir de les suivre et de voir l’évolution notamment athlétique et technique. Y’a un vivier de talents formidables. C’est un vrai bonheur de les voir.

Paoline Ekambi en bref
Née le 14 août 1962 à Paris
Ailière
254 sélections et 2321 points en Équipe de France de 1980 à 1993
- 5 Championnats d’Europe

Carrière joueuse :
1979-1984 : Stade français
1984-1986 : Marist College (NCAA)
1986-1987 : Villeurbanne
1987-1988 : Stade français
1988-1990 : Orchies
1990-1991 : Bordeaux
1991-1993 : Paris Racing
1993-1995 : Clermont-Ferrand
1995-1996 : Bordeaux

Palmarès joueuse :
Médaille d’argent au Championnat d’Europe : 1993
Médaille d’argent au Championnet d’Europe juniors : 1981
Championne de France : 1980, 1983, 1984
Vainqueur du championnat MAAC (division 1) : 1985, 1986

Distinctions individuelles :
Meilleure jeune joueuse du championnat de France : 1979
All Star Team au championnat d'Europe Vicence, Trévise (Italie) : 1985
Élue Miss Europe Basket au championnat d’Europe à Varna (Bulgarie) : 1989
Recordwoman de sélections en Equipe de France de 1993 à 2017
Elue à l’Académie du basket : 2012
Chevalière de l’ordre nationale du mérite : 2021