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EuroBasket 2009

Cette équipe a du cœur

par Julien Guérineau, service de presse FFBB, sur place à Gdansk - 08/09/2009
Après une première mi-temps calamiteuse marquée par un deuxième quart-temps historiquement faible offensivement, l’Equipe de France, bousculée par la Lettonie, a retourné une situation bien mal engagée pour s’imposer 60-51 et se qualifier d’ores et déjà pour le deuxième tour de l’Euro.

La France ne fera sans doute jamais dans la facilité ni dans le plaisir des yeux. Pas franchement une nouveauté. Mais ce qui l’est légèrement, c’est sa capacité à s’imposer dans des rencontres serrées, tendues et en dépit d’un jeu offensif particulièrement balbutiant.

Mardi soir à Gdansk, les Bleus ont remporté une deuxième victoire qui leur permet de se qualifier pour le deuxième tour mais également d’envisager un sans-faute que Vincent Collet appelait de ses vœux il y a 48 heures. Il aura pour cela fallu tenir bon dans la tempête lorsque la Lettonie prit une avance de 10 points en milieu de troisième quart-temps (33-23). Et c’est bien au moment où la France touchait le fond qu’elle a su rebondir de la meilleure des façons. Incapables de trouver la distance de loin, les Bleus ont tout à coup réglé la mire et Tony Parker a une nouvelle fois pris les choses en main, se fendant de 21 points en deuxième mi-temps.

Mais aux côtés de Parker c’est tout un groupe qui a su apporter son écot. Florent Pietrus a largement limité l’impact de Kaspars Kambala, Nicolas Batum a soutenu efficacement ses intérieurs au rebond tandis que Boris Diaw et Nando De Colo ont pris leurs responsabilités au-delà des 6,25 m.

Un changement total de physionomie après un deuxième quart-temps interdit aux âmes sensibles. Dans la série des meilleurs films d’horreur made in France, ce chef d’œuvre décroche la palme. En dix minutes les Français vont inscrire trois points à 1/16 aux tirs. Ballons dans les chevilles, passes dans les mains adverses, lay-ups manqués, absence totale de rythme sur les tirs extérieurs, les bévues se multiplient. Tony Parker n’est pas plus en réussite que face à l’Allemagne et tous les joueurs semblent hésiter à prendre les shoots, même ouverts.

Heureusement qu’Ali Traore participe au casting. Le pivot de l’ASVEL est un formidable finisseur. Un intérieur toujours en mouvement, offrant des possibilités de passes constantes à ses arrières. Son entrée contre les Allemands avaient été immédiatement productive. Elle le sera encore face aux Lettons. Ronny Turiaf touché par les fautes, Ian Mahinmi blessé aux adducteurs, Traore est vite lancé au feu. Et son impact est immédiat et déterminant pour ne pas totalement sombrer. Son bilan à la pause ? 11 points à 5/7. Ses coéquipiers ? 5 points à 2/23 (8,7%).

Un tel naufrage offensif serait fatal à n’importe quelle équipe européenne. Mais la France a pour elle une capacité à mettre son adversaire sous l’éteignoir qui lui permet de voir venir. Et après avoir été au bord de la rupture, un 18-4 en cinq minutes pour conclure le troisième quart-temps l’a ré-installé aux commandes.

En jouant petit face à la zone (Diaw et Pietrus dessous), la France a continué de trouver des solutions tout en parvenant à contenir l’impact physique de Kambala et Biedrins. La circulation de balle s’est accélérée et la présence de plusieurs shooteurs potentiellement dangereux permet un meilleur spacing. En renversant le ballon les Bleus ont su s’offrir des tirs ouverts dans les coins et les convertir.

Quant à l’emballage final, il aura de nouveau porté la signature de Tony Parker. Alors que les Lettons pointent encore à -4 à cinq minutes du buzzer, le meneur des Spurs multiplie les prises de risque. Dans un copier-coller de la veille (les 11 derniers points tricolores) il inscrit les 10 dernières unités de son équipe, maintenant la Lettonie à distance.


Les réactions
Ali Traore :
"On s’est dit qu’à un moment, on allait bien finir par voir le jour. Ce qui est bien c’est que nous avons continué à défendre, continué à se battre sans baisser la tête. Maintenant gagnons demain pour aller en quarts de finale. Personnellement je fais partie des soldats et je suis content d’avoir aidé l’équipe. Boris m’a dit que si je n’avais pas été là en première mi-temps on aurait mis que 5 points. Ça fait plaisir même si je ne me suis jamais posé de questions. Je connais mon rôle et je sais que je suis là pour apporter des points dans la raquette. Quand on m’appelle je suis présent. Globalement on peut être rassuré sur notre état d’esprit même s’il va falloir progresser sur notre jeu d’attaque."

Ronny Turiaf : "C’était une première mi-temps cauchemardesque. Mais nous avons essayé. C’était un jour sans. Vraiment sans. En deuxième mi-temps nous n’avons pas particulièrement changé grand-chose en continuant à faire notre système. Comme l’a dit Vincent à la mi-temps, à 0 sur 15 on ne va pas finir à 0 sur 30. Je suis vraiment content d’avoir vu Nando rentrer ses trois-points. En première mi-temps il n’y avait pas de rythme. Quand on avait la balle ce n’était pas dans les bons timings. Ensuite on a vu Nando rentrer dans ses shoots, Boris rentrer dans ses shoots. Le gros point positif ce soir c’est la défense. La défense c’est notre fondation. Sans ça nous ne sommes pas forts."

Nando De Colo : "Quand nous avons su faire bouger le ballon et courir, nous avons su trouver le rythme sur les shoots. Boris en a mis, moi également. Cette équipe a besoin de confiance et cela commence par la défense. Même quand ça ne rentrait pas nous n’étions pas particulièrement inquiets parce que l’on sait qu’avec nous, cela peut vite revenir. Il suffit de deux-trois contre attaques. Je trouve que l’on progresse."

Vincent Collet : "Ce match est très différent de celui d’hier. Alors qu’on pouvait se reprocher de ne pas avoir attaqué l’Allemagne avec nos qualités, ce soir j’étais très déçu pour mes joueurs à la mi-temps parce que je trouve qu’ils ont essayé de respecter point par point ce que l’on voulait faire. Simplement nous étions dans une panne d’adresse rarement vue. Et à partir de la 15e minute, j’ai l’impression que le fait de rater systématiquement la cible nous a poussés à refuser des tirs. Mais le rideau défensif nous a permis de tenir. Il ne fallait pas changer la façon de faire mais mettre de la vitesse pour se débloquer. Dans l’état d’esprit ce match est intéressant. Des joueurs comme Nando De Colo ou Ali Traore qui souffraient défensivement ont donné beaucoup plus qu’à l’accoutumée. Le travail de Florent Pietrus sur Kambala est exceptionnel dans le dernier quart. L’investissement de Nicolas Batum au rebond est aussi déterminant. Cette victoire compte car on se donne du temps. Contre la Russie on peut faire un pas vers les quarts de finale."

Dans la poule
Allemagne bat Russie 76-73
Séduisante lundi, la Russie est passée à côté de son match face à l’Allemagne. Et pourtant les hommes de David Blatt aurait pu s’imposer en effaçant quasiment intégralement un déficit de 19 unités. Mais une faillite totale sur la ligne des lancers-francs (28/49) a empêché les champions d’Europe de valider leur billet pour le deuxième tour. Une gabegie souligné par Vitaly Fridzon mais que le coach David Blatt ne voulait rendre responsable de la défaite. "Le basket c’est un microcosme de la vie. Vous payez vos erreurs, vous récoltez ce que vous semez. Vitaly est jeune et c’est pour cette raison qu’il se concentre sur les lancers. Mais nous n’avons pas perdu à cause de ça. Nous avons perdu à cause de petites choses que nous n’avons pas faites. Des rebonds que nous n’avons pas pris, des ballons dont nous n’avons pas pris soin."
Et à cause de pivots incapables de rester sur un terrain serait-on tenté d’ajouter. Le sculptural Timofey Mozgov enchaîne les fautes à la vitesse de l’éclair (5 en 7 minutes) et Dmitry Sokolov peut se prévaloir des mains les plus carrées de l’EuroBasket. Mais les jeunes russes ne lâchent jamais rien et la France devra se méfier d'une équipe qui, si elle n'a plus grand chose à voir avec celle qui avait éliminé les Bleus en quarts de finale de l'Euro 2007, n'en demeure pas moins dangereuse : "Je n'ai pas vraiment pensé à la France pour l'instant", indiquait Blatt quant à son prochain face à face. "Ils sont les favoris du groupe mais si nous jouons intelligemment 40 minutes, ça peut être serré. Je repense à 2007... là aussi ils étaient censés être meilleurs que nous."

Classement : 1- France (2v-0d), 2- Allemagne et Russie (1v-1d), 4- Lettonie (0v-2d).

Les résultats du jour
Poule A
Grèce bat Croatie 76-68
Macédoine bat Israël 82-79
Classement : 1- Grèce (2v-0d), 2-Croatie et Macédoine (1v-1d), 4- Israël (0v-2d).

Poule C
Slovénie bat Serbie 80-69
Espagne bat Grande-Bretagne 84-76
Classement : 1- Slovénie (2v-0d), 2- Serbie et Espagne (1v-1d), 4- Grande-Bretagne (0v-2d).

Poule D
Pologne bat Lituanie 86-75 
Turquie bat Bulgarie 94-66
Classement : 1- Pologne et Turquie (2v-0d), 3-Lituanie et Bulgarie (0v-2d).